Le mystère persiste autour d’une Volkswagen Golf de cinquième génération abandonnée depuis plus de 365 jours dans le parking principal de l’aéroport de Berlin. Alors que personne ne s’est manifesté pour récupérer le véhicule, la facture de stationnement continue d’augmenter et dépasse désormais largement la valeur du véhicule. Une situation qui soulève de nombreuses questions et théories sur les raisons de cet abandon.
Un abandon mystérieux qui intrigue les autorités allemandes
La scène a de quoi surprendre les voyageurs qui fréquentent l’aéroport de Berlin. Une Volkswagen Golf diesel de cinquième génération immatriculée à Hanovre stationne au même emplacement depuis maintenant plus d’un an, sans que personne ne vienne la récupérer. L’intérieur du véhicule laisse penser à un départ précipité : des restes de nourriture sont éparpillés sur les sièges, des emballages alimentaires jonchent le sol et une bouteille d’eau à moitié vide traîne dans le porte-gobelet. Tout indique que le propriétaire est parti dans l’urgence, sans prendre le temps de ranger l’habitacle.
Cette Golf, modèle emblématique de la marque allemande Volkswagen, n’est pas n’importe quelle voiture abandonnée. La cinquième génération, produite entre 2003 et 2009, représentait à l’époque une évolution importante dans la lignée des Golf avec ses lignes plus affirmées et sa qualité de fabrication améliorée. Dotée d’un moteur diesel, cette version se distinguait par sa sobriété et sa fiabilité, des qualités qui font encore aujourd’hui la réputation de la marque. Pourtant, malgré ces atouts, la voiture reste désespérément seule sur son emplacement de parking.
Une facture de stationnement qui donne le vertige
Les tarifs pratiqués par ce parking situé à l’entrée principale de l’aéroport de Berlin ont de quoi faire frémir. Si les dix premières minutes sont gratuites, chaque heure supplémentaire est facturée 23 euros, soit un total quotidien de 552 euros. À ce rythme, la facture pour une année complète atteint l’astronomique somme de plus de 200 000 euros. Un montant qui dépasse de 66 fois la valeur estimée de cette Golf sur le marché de l’occasion en Allemagne, et qui serait probablement similaire en France où une Golf V diesel de cette époque se négocie généralement entre 3 000 et 5 000 euros selon son état et son kilométrage.
En France, les parkings d’aéroports pratiquent également des tarifs élevés, mais généralement moindres qu’en Allemagne. À titre de comparaison, un stationnement longue durée à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle coûte environ 20 euros par jour dans les parkings les plus proches des terminaux, soit environ 7 300 euros pour une année complète. Néanmoins, il existe des options plus économiques comme les parkings éloignés ou les services de voituriers spécialisés qui proposent des tarifs dégressifs pour les longues durées. Mais même avec ces alternatives, un abandon d’une telle durée reste financièrement catastrophique.
Une énigme sans réponse pour les autorités
Selon les informations relayées par le journal Berliner Zeitung, la société APCOA Deutschland GmbH, gestionnaire du parking, est bien consciente de la situation et a déjà pris contact avec les autorités locales. Mais le propriétaire reste introuvable, transformant cette affaire en véritable énigme qui a rapidement attiré l’attention des médias locaux puis internationaux.
Face à cette situation insolite, la police berlinoise se déclare incompétente. Les forces de l’ordre allemandes expliquent que le véhicule ne se trouve pas sur la voie publique et que, par conséquent, l’affaire ne relève pas de leur juridiction. Le seul indice tangible reste le numéro d’identification du véhicule (NIV) visible sur le pare-brise, qui pourrait potentiellement permettre d’identifier le propriétaire. Cette situation rappelle la réglementation française où la police nationale ne peut intervenir dans un espace privé comme un parking d’aéroport qu’à la demande expresse du propriétaire des lieux ou dans le cadre d’une enquête judiciaire.
Des hypothèses multiples autour de cet abandon inexpliqué
Plusieurs théories circulent pour expliquer l’abandon de cette Golf. La piste du vol avec utilisation comme véhicule de fuite est évoquée. Des malfaiteurs auraient pu s’emparer du véhicule, intervertir les plaques d’immatriculation avec celles d’une autre voiture, puis l’abandonner après usage. Cette hypothèse expliquerait l’état désordonné de l’habitacle et l’absence de réclamation du propriétaire légitime, qui ignorerait où se trouve son véhicule volé.
D’autres scénarios plus personnels sont également envisageables : un voyageur pris d’un malaise ou victime d’un accident après avoir garé sa voiture, une personne contrainte de quitter précipitamment l’Allemagne sans possibilité de récupérer son véhicule, ou même un cas plus dramatique comme un décès subit dont les proches n’auraient pas connaissance de l’existence de cette voiture. La Golf pourrait aussi appartenir à une personne incarcérée ou hospitalisée pour une longue durée. Dans la culture automobile allemande comme française, la Golf représente souvent un véhicule familial et fiable, ce qui rend son abandon d’autant plus mystérieux et intrigant.
Un phénomène rare mais pas unique dans le monde aéroportuaire
Ce cas spectaculaire n’est pas isolé. Les parkings d’aéroports à travers l’Europe sont occasionnellement le théâtre d’abandons de véhicules. La plupart du temps, ces voitures sont laissées dans des zones de stationnement longue durée et finissent par être mises aux enchères après les délais légaux. En France, la procédure est encadrée par la loi : après un certain temps (généralement plusieurs mois), le véhicule peut être considéré comme abandonné et faire l’objet d’une procédure d’enlèvement, suivie d’une vente aux enchères si le propriétaire ne se manifeste pas.
Le cas de cette Golf berlinoise se distingue par sa localisation dans un parking courte durée à tarification élevée et par la durée exceptionnelle de l’abandon. Concernant la possibilité de recouvrer les frais de stationnement, APCOA a déclaré que cela « dépend de l’identification du débiteur et de sa capacité financière ». Une formulation diplomatique qui laisse entendre que la société de parking a peu d’espoir de récupérer la somme astronomique générée. En droit français comme allemand, même si le propriétaire était retrouvé, il pourrait faire valoir le caractère disproportionné de la facture par rapport à la valeur du bien, et un juge pourrait modérer le montant dû selon le principe de proportionnalité. La Volkswagen Golf, malgré sa réputation de fiabilité et sa valeur sentimentale pour de nombreux passionnés, ne vaut certainement pas les 200 000 euros de frais accumulés.
Un symbole du rapport particulier entre les allemands et l’automobile
La Volkswagen Golf occupe une place spéciale dans le cœur des automobilistes allemands et européens. Lancée en 1974 pour succéder à la légendaire Coccinelle, elle est rapidement devenue un symbole de la qualité allemande accessible au plus grand nombre. La cinquième génération, celle du véhicule abandonné, a été produite à plus de 3,4 millions d’exemplaires en Europe, confirmant son statut de voiture populaire par excellence. En France, la Golf a toujours bénéficié d’une image premium par rapport à ses concurrentes directes comme la Peugeot 308 ou la Renault Mégane, tout en restant accessible.
Cette affaire illustre paradoxalement la relation parfois contradictoire que nos sociétés entretiennent avec l’automobile. D’un côté, la voiture reste un bien précieux, symbole de liberté et de statut social. De l’autre, elle peut devenir un objet abandonné, générant des coûts disproportionnés et des problèmes logistiques. Dans le cas présent, les 200 000 euros de frais de stationnement représentent presque le prix d’une Porsche 911 neuve, autre fleuron de l’industrie automobile allemande. Une somme qui pourrait permettre d’acquérir sept exemplaires neufs de la dernière génération de Golf, actuellement proposée à partir de 30 000 euros sur le marché français. Cette affaire insolite nous rappelle que derrière chaque véhicule abandonné se cache une histoire humaine, souvent complexe et mystérieuse.
Ce que vous devez retenir
- Un montant qui dépasse de 66 fois la valeur estimée de cette Golf sur le marché de l’occasion en Allemagne, et qui serait probablement similaire en France où une Golf V diesel de cette époque se négocie généralement entre 3 000 et 5 000 euros selon son état et son kilométrage.
- À titre de comparaison, un stationnement longue durée à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle coûte environ 20 euros par jour dans les parkings les plus proches des terminaux, soit environ 7 300 euros pour une année complète.
- Les forces de l’ordre allemandes expliquent que le véhicule ne se trouve pas sur la voie publique et que, par conséquent, l’affaire ne relève pas de leur juridiction.