Tesla se retrouve dans une situation délicate suite à ses promesses non tenues concernant la conduite autonome complète. Le constructeur automobile américain fait face à ce qui pourrait devenir le rappel le plus coûteux de son histoire, avec environ 4 millions de véhicules concernés par un remplacement de l’ordinateur de conduite autonome.
Des promesses non tenues depuis 2016
C’est en 2016 que tout commence. Tesla annonce alors que tous ses véhicules produits à partir de cette date seront équipés de « tout le matériel nécessaire pour une capacité de conduite autonome complète ». À l’époque, et durant plusieurs années après, le PDG de la marque promettait aux propriétaires qu’ils recevraient une mise à jour logicielle transformant leurs voitures en « robotaxis » – des véhicules capables de conduire sans surveillance humaine (niveau 4 ou 5 d’autonomie), et même sans passagers à bord.
Presque 10 ans plus tard, force est de constater que cette promesse ne s’est pas matérialisée. Pire encore : l’affirmation selon laquelle les véhicules possédaient « tout l’équipement nécessaire » s’est avérée fausse.
L’évolution des ordinateurs de bord Tesla
En 2016, les Tesla étaient fabriquées avec un ordinateur de conduite autonome appelé HW2.5. Plus tard, la production a basculé vers des véhicules équipés d’un ordinateur amélioré, le HW3, la marque reconnaissant que le HW2.5 n’était pas assez puissant pour atteindre une conduite totalement autonome.
Face à cette réalité, Tesla a commencé à installer gratuitement le HW3 sur les véhicules équipés du HW2.5, mais uniquement pour les clients ayant acheté l’option Full Self-Driving (FSD). En 2023-2024, un ordinateur encore plus puissant, le HW4, a fait son apparition dans les nouveaux modèles.
Contrairement à la transition HW2.5 vers HW3, Tesla avait cette fois affirmé pouvoir offrir la capacité de conduite autonome complète même sur les véhicules équipés du HW3. (Une affirmation qui semblait un peu audacieuse, vu les précédents, non ?)
Le PDG contraint à l’aveu
Le PDG avait même soutenu que le FSD fonctionnerait initialement mieux sur le HW3, déclarant que « notre priorité est de faire fonctionner parfaitement le FSD sur le HW3 dans le monde entier ». Il avait aussi prétendu que les performances du FSD sur le HW4 seraient en retard d’au moins 6 mois. Ces prédictions ont vite été démenties par la réalité.
En 2024, des rapports ont commencé à indiquer que le HW3 avait atteint ses limites, alors que les capacités restaient très éloignées de la conduite autonome sans surveillance promise. En janvier 2025, le PDG a finalement admis que les ordinateurs HW3 n’étaient pas assez puissants pour prendre en charge une conduite totalement autonome.
Un rappel massif aux conséquences financières lourdes
Environ 4 millions de Tesla équipées du HW3 circulent dans le monde. Le PDG a déclaré qu’il mettrait à niveau l’ordinateur de tous les propriétaires de HW3 ayant acheté l’option FSD :
« La réponse honnête est que nous devrons mettre à niveau l’ordinateur Hardware 3 pour ceux qui ont acheté le full self-driving. C’est un processus difficile et douloureux, mais nous le ferons. D’une certaine façon, je suis soulagé que tant de gens n’aient pas acheté l’option FSD. »
Tesla n’a pas révélé officiellement le taux d’adoption du FSD, mais a signalé 400 000 testeurs bêta du FSD en Amérique du Nord fin 2022. À l’échelle mondiale, on estime qu’il existe au moins 100 000 Tesla HW3 supplémentaires avec l’option FSD, ce qui porte le nombre de véhicules nécessitant une mise à niveau à au moins 500 000.
Le remplacement des ordinateurs dans plus de 500 000 véhicules pèsera lourdement sur les services de maintenance de l’entreprise, avec un coût estimé à plus de 425 millions d’euros.
Et ce n’est peut-être que le début…
Le constructeur n’a pas promis « tout l’équipement nécessaire pour une conduite autonome complète » uniquement aux acheteurs de l’option FSD, mais à tous les acheteurs de Tesla produites à partir de 2016.
Il existe donc un argument solide pour affirmer que Tesla devrait remplacer les ordinateurs dans tous les véhicules fabriqués depuis 2016 – ou au moins indemniser les propriétaires pour la fausse affirmation selon laquelle ils disposaient de « tout l’équipement nécessaire pour une conduite autonome ».
Un précédent juridique existe déjà : en 2022, un juge a ordonné à Tesla de mettre à niveau gratuitement l’ordinateur d’un client pour qu’il puisse s’inscrire au FSD sans frais supplémentaires. Cette décision a créé un précédent pour les propriétaires de Tesla qui n’avaient pas acheté l’option FSD.
« Acheter une voiture en croyant qu’elle prendra en charge une conduite autonome complète, puis se faire dire qu’il faut payer un supplément pour un nouvel ordinateur, c’est ce qu’on appelle de la publicité trompeuse », soulignent plusieurs médias spécialisés.
Reste à voir comment Tesla va gérer cette crise qui risque de coûter très cher à l’entreprise, tant sur le plan financier que sur celui de la confiance des consommateurs envers ses promesses technologiques.