Le Tesla Cybertruck, ce pick-up électrique au design futuriste qui avait fait sensation lors de sa présentation, se retrouve aujourd’hui dans une situation pour le moins délicate. Malgré les promesses de révolution dans le segment des utilitaires électriques, la réalité commerciale semble bien différente des attentes initiales de la marque américaine.
Tesla aurait actuellement un stock d’environ 2 400 exemplaires de Cybertruck qui ne trouvent pas preneur sur le marché. Cette situation paraît paradoxale quand on se souvient que la firme avait annoncé avoir enregistré plus d’un million de précommandes pour ce véhicule. Où sont donc passés tous ces acheteurs qui s’étaient manifestés avec enthousiasme ?
Un refus catégorique de reprise qui interroge
La situation prend une tournure encore plus préoccupante avec la révélation d’une politique commerciale rigide : Tesla refuse catégoriquement de reprendre les Cybertruck déjà vendus. Pire encore, la marque n’accepte pas non plus ces véhicules comme moyen de paiement pour l’achat d’autres modèles de sa gamme.
Cette décision surprenante intervient alors que plusieurs défauts techniques ont été signalés sur les premiers exemplaires livrés. Ces problèmes, combinés à l’attente d’une version plus abordable par de nombreux clients potentiels, semblent expliquer en partie cette situation commerciale difficile. (On se demande si Elon Musk avait prévu ce scénario quand il brisait les vitres « incassables » lors de la présentation…)
Un contexte global défavorable pour Tesla
Les difficultés du Cybertruck s’inscrivent dans une période compliquée pour le constructeur américain. Les résultats du premier trimestre 2025, qui seront bientôt dévoilés, ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices. Les ventes de Tesla ont connu une chute marquée sur les principaux marchés, avec une baisse notable en Europe.
Même en Norvège, pays où Tesla dominait historiquement le marché depuis des années, la tendance s’inverse drastiquement. Les chiffres sont éloquents : les ventes de la marque y ont chuté de 44,4% en janvier et février par rapport à la même période en 2024.
Cette dégringolade ne peut être attribuée à un ralentissement du secteur électrique norvégien, bien au contraire. Le marché global des véhicules électriques dans ce pays a progressé de 53,4% et représente désormais 96% des immatriculations de véhicules neufs. Le problème semble donc bien spécifique à Tesla.
BYD profite de la situation et prend l’avantage
Dans ce contexte difficile pour Tesla, son rival chinois BYD tire admirablement son épingle du jeu. Le constructeur asiatique a réussi l’exploit de générer plus de 100 milliards d’euros de revenus en un an. Si l’année 2024 s’était soldée par un match nul technique entre les deux géants, BYD semble désormais prendre l’avantage.
Les chiffres de vente sont sans appel : 4,27 millions de véhicules vendus par BYD en 2024, contre seulement 1,79 million pour Tesla. Plus alarmant encore pour la firme d’Elon Musk, c’est la première fois en dix ans que Tesla n’améliore pas ses performances d’une année sur l’autre (1,81 million en 2023).
Il faut noter que sur le segment strictement électrique, l’écart est moins prononcé : BYD a vendu 1,76 million de véhicules 100% électriques en 2024, un chiffre comparable à celui de Tesla. La différence majeure réside dans la stratégie produit : contrairement à Tesla, BYD propose aussi des modèles hybrides rechargeables, qui représentent une part importante de ses ventes.
Cette diversification de l’offre constitue un avantage stratégique pour le constructeur chinois, qui a franchi le cap symbolique des 10 millions de véhicules électrifiés produits. Une performance d’autant plus remarquable que l’entreprise avait mis 15 ans pour atteindre les 5 premiers millions, mais seulement 15 mois pour les 5 millions suivants !
Des tensions politiques qui n’arrangent rien
Les affaires de Tesla sont aussi affectées par un contexte politique tendu. Un mouvement de boycott des produits de la marque a émergé aux États-Unis, en partie lié aux prises de position controversées d’Elon Musk et à son rôle dans l’administration Trump, où il occupe temporairement un poste au Département de l’Efficacité Gouvernementale.
Cette situation a même donné lieu à des actes de vandalisme contre des installations Tesla, comme l’incendie d’un centre de réparation à Las Vegas le 18 mars dernier, où au moins cinq véhicules ont été endommagés après une attaque aux cocktails Molotov.
Sur le plan international, les tensions commerciales ne sont pas en reste. Les droits de douane ont poussé Tesla à cesser la commercialisation des Model S et Model X en Chine, fermant ainsi l’accès au plus grand marché automobile mondial pour ses modèles haut de gamme.
Un avenir incertain pour le Cybertruck
Face à ces multiples défis, l’avenir commercial du Cybertruck reste incertain. Ce véhicule qui devait incarner l’audace et l’innovation de Tesla semble aujourd’hui se transformer en problème pour la marque.
Les clients potentiels attendent visiblement une version plus abordable du pick-up électrique, dont le prix actuel démarre à environ 60 000 euros pour la version d’entrée de gamme, et peut dépasser les 90 000 euros pour les versions les plus équipées.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi un véhicule qui avait suscité tant d’enthousiasme initial rencontre finalement tant de difficultés à séduire les acheteurs ? La réponse tient peut-être dans le décalage entre le concept initial présenté et la réalité du produit commercialisé, tant en termes de prix que de fiabilité.
Pour Tesla, le défi est maintenant de trouver rapidement une solution pour écouler ces 2 400 Cybertruck qui dorment dans ses stocks, tout en rassurant ses clients sur la qualité et la fiabilité de son pick-up électrique. Un défi de taille pour Elon Musk, dont la réputation d’innovateur est en jeu.