Le 1er mai 2025, une tempête médiatique a secoué l’univers automobile avec la publication d’un article du Wall Street Journal affirmant que le conseil d’administration de Tesla aurait entamé des démarches pour remplacer Elon Musk à la tête de l’entreprise. Ces allégations, rapidement démenties par les principaux intéressés, surviennent dans un contexte difficile pour le constructeur de véhicules électriques.
Selon le quotidien américain, le conseil d’administration aurait contacté plusieurs cabinets de recrutement il y a environ un mois pour lancer discrètement la recherche d’un successeur. À l’origine de cette décision : des inquiétudes grandissantes face à la baisse des ventes de véhicules électriques et aux multiples engagements de Musk, notamment son rôle au sein de l’administration Trump.
Un démenti catégorique de la direction
La réaction ne s’est pas fait attendre. Robyn Denholm, présidente du conseil d’administration de Tesla, a formellement démenti ces informations via un message publié sur le réseau social X : « C’est absolument faux. Le PDG de Tesla est Elon Musk et le conseil a une totale confiance en sa capacité à poursuivre l’exécution du plan de croissance passionnant qui nous attend. »
De son côté, Elon Musk a qualifié l’article du Wall Street Journal de « mensonge complet ». Le milliardaire avait déjà annoncé la semaine dernière son intention de réduire significativement le temps consacré à ses fonctions au sein de l’administration Trump pour se recentrer sur Tesla.
Des défis majeurs pour le constructeur
Ces rumeurs interviennent à un moment délicat pour l’entreprise californienne. Tesla traverse une phase compliquée avec des résultats financiers en berne :
Les bénéfices du premier trimestre ont chuté de 71%, bien en-dessous des prévisions les plus pessimistes des analystes. Le titre boursier a perdu 30% de sa valeur depuis janvier, effaçant plus de 680 milliards d’euros de capitalisation. Plus symbolique encore, Tesla a perdu sa couronne de premier fabricant mondial de véhicules électriques au profit du chinois BYD.
Une image ternie par les controverses
L’implication politique croissante de Musk a aussi des répercussions directes sur l’image de marque de Tesla. Son soutien à Donald Trump aux États-Unis et ses prises de position en faveur de partis d’extrême droite en Europe ont provoqué des réactions négatives : boycotts de consommateurs, manifestations devant les concessions et même actes de vandalisme contre des véhicules et des stations de recharge.
En Allemagne, des protestations ont été organisées devant des magasins Tesla suite aux commentaires politiques de Musk (qui avait notamment apporté son soutien au parti Alternative pour l’Allemagne). Une situation qui a fait chuter les ventes sur le continent européen.
Un équilibre fragile à trouver
Face à cette situation, Musk a dû faire machine arrière la semaine dernière en annonçant qu’il allait « réduire considérablement » son travail au sein du DOGE (Department of Government Efficiency), un organisme créé par Trump et dirigé par le milliardaire pour trouver des économies dans le budget fédéral américain.
« J’allouerai beaucoup plus de mon temps à Tesla », a-t-il promis, semblant répondre aux inquiétudes des investisseurs. Des investisseurs qui, pour certains, n’hésitent plus à exprimer publiquement leurs doutes. Ross Gerber, actionnaire important de Tesla, a ainsi suggéré que Musk devrait nommer un nouveau PDG, estimant que ses multiples engagements le détournaient de sa mission chez le constructeur automobile.
Le dilemme du conseil d’administration
Toute décision d’écarter Musk de la direction serait complexe à mettre en œuvre. Le dirigeant de 53 ans joue un rôle quasi mythique dans l’entreprise et détient une part significative du capital. Sa vision et son charisme ont largement contribué à faire de Tesla ce qu’elle est aujourd’hui.
En février dernier, un juge américain avait invalidé une tentative du conseil d’administration d’accorder à Musk un package de rémunération record, illustrant les tensions qui peuvent exister autour de sa gouvernance.
Un avenir à redéfinir
Au-delà des débats sur sa direction, c’est tout le positionnement stratégique de Tesla qui semble en jeu. L’entreprise doit naviguer dans un environnement de plus en plus compétitif, avec la montée en puissance des constructeurs chinois et les efforts des constructeurs traditionnels dans l’électrification.
Musk a récemment fait pivoter la stratégie de l’entreprise, délaissant partiellement la promesse d’une voiture électrique abordable pour se concentrer sur les taxis autonomes et les robots humanoïdes. Il présente de plus en plus Tesla comme « une entreprise d’IA et de robotique » plutôt qu’un simple constructeur automobile.
Certains investisseurs estiment que la proximité de Musk avec Trump pourrait faciliter cette transition, notamment grâce à un assouplissement des règles sur les tests de véhicules autonomes. D’autres s’inquiètent de voir l’entreprise s’éloigner de son cœur de métier.
(À noter que le timing de ces rumeurs est assez ironique : elles surviennent juste au moment où Musk avait promis de se recentrer sur Tesla!)
Quelles que soient les évolutions à venir, Tesla se trouve à un moment charnière de son histoire. Entre innovation technologique, défis commerciaux et controverses politiques, l’entreprise qui a révolutionné l’automobile électrique doit maintenant prouver qu’elle peut s’adapter pour conserver son avance dans un marché en mutation rapide.