Entre les bureaux de conception high-tech de Rimac et les ateliers de production légendaires de Bugatti, Mate Rimac navigue quotidiennement dans un univers où les voitures défient les lois de la physique. Créateur de bolides électriques révolutionnaires et gardien de l’héritage Bugatti, ce visionnaire croate de 35 ans pourrait rouler dans n’importe quelle hypercar valant plusieurs millions d’euros. Pourtant, quand vient le moment de choisir sa voiture personnelle, Rimac délaisse les technologies de pointe qu’il développe pour se tourner vers un modèle bien plus ancien et étonnamment conventionnel. Ce contraste saisissant entre son œuvre professionnelle et son choix personnel révèle une philosophie automobile profonde et inattendue.
L’ascension fulgurante d’un génie de l’automobile
Né en Bosnie-Herzégovine en 1988, Mate Rimac a connu un parcours extraordinaire avant de devenir l’une des figures les plus influentes de l’industrie automobile mondiale. Tout a commencé dans un garage, comme beaucoup d’histoires d’entrepreneurs visionnaires. À seulement 21 ans, il convertit sa vieille BMW E30 en voiture électrique après que son moteur thermique ait rendu l’âme lors d’une course. Cette première expérience devient le catalyseur d’une aventure entrepreneuriale sans précédent.
En 2009, il fonde Rimac Automobili dans son pays natal, la Croatie – un pays sans tradition automobile. Un pari fou à l’époque. « Je voulais prouver que les voitures électriques pouvaient être excitantes, rapides et émotionnelles », expliquait-il lors d’une interview. Et il l’a prouvé de manière spectaculaire avec la Rimac Concept_One, première hypercar électrique du monde, suivie de la Nevera, qui pulvérise tous les records d’accélération avec ses 1914 chevaux.
Le succès est tel que Porsche, puis Hyundai, investissent massivement dans sa société. La consécration vient en 2021 lorsque le groupe Volkswagen lui confie les rênes de Bugatti, marque mythique s’il en est. À 33 ans, Mate Rimac devient ainsi le patron de l’un des constructeurs les plus prestigieux de la planète, tout en conservant la direction de sa propre entreprise.
Sa vision révolutionnaire a transformé Rimac Group en un géant technologique valorisé à plus de 4 milliards de dollars. L’entreprise ne se contente pas de produire des hypercars en édition limitée, mais développe également des technologies de batteries et de propulsion électrique pour d’autres constructeurs automobiles de premier plan.
Un empire bâti sur l’électrification et la haute technologie
Dans les locaux ultramodernes de Rimac, situés près de Zagreb, des ingénieurs développent les technologies qui équiperont les voitures de demain. L’entreprise s’est imposée comme un leader mondial dans le développement de batteries haute performance, de moteurs électriques et de systèmes de gestion d’énergie.
La Rimac Nevera représente l’aboutissement de cette expertise. Cette hypercar électrique détient le record mondial d’accélération pour un véhicule de production, atteignant les 100 km/h en moins de 2 secondes. Équipée de quatre moteurs électriques totalisant près de 2000 chevaux, elle incarne la philosophie de Rimac : repousser constamment les limites du possible.
Du côté de Bugatti, Mate Rimac poursuit l’héritage de cette marque centenaire tout en préparant sa transition vers l’électrification. Le Bugatti Mistral, dernier modèle à utiliser le légendaire moteur W16, marque la fin d’une ère et le début d’une nouvelle sous sa direction.
« Nous ne faisons pas des voitures électriques parce que c’est à la mode, mais parce qu’elles peuvent offrir des performances supérieures », affirme-t-il régulièrement. Cette vision techno-centrée a fait de lui l’un des entrepreneurs les plus respectés dans l’industrie automobile mondiale.
La surprenante passion pour une BMW classique
Voilà pourquoi le choix de sa voiture personnelle surprend tant. Alors qu’il pourrait conduire n’importe quelle création de ses marques, Mate Rimac préfère prendre le volant d’une BMW M5 E39 datant de la fin des années 90. Ce modèle, bien que considéré comme l’une des meilleures berlines sportives jamais créées, reste étonnamment conventionnel comparé aux hypercars qu’il conçoit.
Cette BMW, produite entre 1998 et 2003, est équipée d’un moteur V8 atmosphérique de 4,9 litres développant 400 chevaux – une puissance qui paraît presque modeste comparée aux monstres électriques de Rimac. Plus significatif encore, elle dispose d’une boîte manuelle à six rapports et ne contient pratiquement aucune aide électronique sophistiquée.
« Cette voiture représente pour moi l’équilibre parfait entre performance, sensations et fiabilité », explique Rimac. « Elle vient d’une époque où les voitures n’étaient pas encore surchargées d’électronique. Tout y est mécanique, direct, honnête. »
L’authenticité mécanique face à la révolution électrique
Cette préférence pour une berline sportive classique révèle une facette moins connue de la personnalité de Mate Rimac. Loin d’être un simple technocrate obsédé par l’innovation, il est avant tout un passionné d’automobile dans son sens le plus traditionnel.
Le BMW M5 E39 représente pour lui l’âge d’or de l’automobile, une période où la technologie servait l’expérience de conduite sans la dénaturer. Son moteur atmosphérique offre une linéarité et une réponse immédiate que même les meilleurs moteurs turbocompressés modernes peinent à reproduire. Sa direction hydraulique transmet des sensations pures que les directions assistées électriques actuelles ont du mal à égaler.
Pour ses déplacements quotidiens, Rimac apprécie cette connexion directe avec la mécanique. Il savoure le rituel du changement de vitesse manuel, le son rauque du V8 et même les imperfections qui font le caractère de cette automobile.
« Mes voitures professionnelles représentent l’avenir, mais ma BMW représente l’essence même de la conduite », confie-t-il. « Elle me rappelle pourquoi j’ai commencé à aimer les voitures en premier lieu. »
Une philosophie automobile qui transcende les époques
Cette dualité entre son travail d’innovateur et ses goûts personnels plus classiques n’est paradoxale qu’en apparence. Elle témoigne d’une vision holistique de l’automobile, où tradition et innovation ne s’opposent pas mais se complètent.
Mate Rimac comprend que l’avenir de l’automobile passe nécessairement par l’électrification et la digitalisation. C’est une réalité économique, environnementale et technologique qu’il embrasse pleinement dans sa vie professionnelle. Mais il reconnaît également la valeur émotionnelle et sensorielle des voitures classiques, ces machines imparfaites mais authentiques qui ont façonné notre culture automobile.
Sa BMW M5 n’est pas seulement un moyen de transport, mais un lien tangible avec l’histoire de l’automobile. Elle lui rappelle quotidiennement que, derrière les algorithmes et les batteries, une voiture doit avant tout procurer des émotions.
Cette philosophie influence subtilement ses créations professionnelles. Même les hypercars électriques de Rimac, malgré leur technologie futuriste, sont conçues pour offrir une expérience de conduite émotionnelle et engageante, pas seulement des performances cliniques.
Dans un monde automobile en pleine mutation, Mate Rimac incarne ainsi une forme d’équilibre rare, entre révolution technologique et respect des traditions. Sa BMW M5 E39, loin d’être un simple caprice nostalgique, est le symbole d’une sagesse automobile qui transcende les époques et les modes.
Ce que vous devez retenir
- Entre les bureaux de conception high-tech de Rimac et les ateliers de production légendaires de Bugatti, Mate Rimac navigue quotidiennement dans un univers où les voitures défient les lois de la physique.
- À 33 ans, Mate Rimac devient ainsi le patron de l’un des constructeurs les plus prestigieux de la planète, tout en conservant la direction de sa propre entreprise.
- L’entreprise ne se contente pas de produire des hypercars en édition limitée, mais développe également des technologies de batteries et de propulsion électrique pour d’autres constructeurs automobiles de premier plan.