Le 2 avril dernier, l’industrie automobile européenne a dû faire face à une nouvelle réalité : l’entrée en vigueur d’une surtaxe de 25% sur les véhicules importés aux États-Unis. Face à cette mesure, les grands constructeurs automobiles du Vieux Continent explorent des solutions pour maintenir leur présence sur ce marché stratégique.
La stratégie de délocalisation comme réponse aux taxes
Pour contourner cette barrière douanière, plusieurs marques prestigieuses envisagent d’augmenter leur production directement sur le sol américain. Cette option leur permettrait d’éviter la taxe qui s’applique automatiquement aux véhicules lors du passage des frontières.
Mercedes-Benz semble prendre les devants dans cette réorientation industrielle. La marque à l’étoile dispose déjà d’installations aux États-Unis, ce qui faciliterait cette transition par rapport à d’autres fabricants européens. Une décision logique quand on sait que le marché américain représente près de 20% des revenus globaux du groupe, avec environ 325 000 unités vendues annuellement. Impossible pour le constructeur de Stuttgart de risquer un effondrement de ses ventes face à cette nouvelle donne.
Les sites de production américains au cœur de la stratégie
Mercedes-Benz peut s’appuyer sur sa présence industrielle établie depuis 1997 à Vance, dans l’Alabama. Cette usine assemble déjà plusieurs modèles phares comme le SUV GLE, la Classe G, la berline Classe C et d’autres véhicules destinés principalement au marché nord-américain.
En complément, le groupe allemand dispose d’une seconde unité d’assemblage à Charleston, en Caroline du Sud. Bien que moins imposante en volume de production, cette installation se charge de l’exportation de modèles spécifiques comme les utilitaires Metris et Sprinter, absents du catalogue européen. Ces dernières années, ce site a connu plusieurs phases d’agrandissement, suggérant que la marque avait anticipé une possible évolution du contexte commercial.
Ces infrastructures existantes jouent un rôle clé dans la distribution des modèles Mercedes en Amérique du Nord. Néanmoins, l’adaptation aux nouvelles taxes entraînera des ajustements tarifaires pour le constructeur allemand. Le transfert de production vers les États-Unis nécessitera une révision des prix, mais l’augmentation restera moins significative pour les acheteurs que si les véhicules étaient entièrement importés.
Un investissement américain qui s’intensifie
La marque de Stuttgart ne limite pas sa présence américaine à ses usines d’assemblage. Elle a récemment inauguré une nouvelle fabrique de batteries à Bibb, toujours en Alabama. Cette initiative lui permettra d’accroître sa production de véhicules électriques sur le marché américain. Une stratégie qui dépasse la simple réaction aux mesures douanières.
Vous vous demandez peut-être si cette situation affectera les priorités de Mercedes à l’échelle mondiale? C’est fort probable. La bataille commerciale entre les États-Unis, la Chine et l’Union européenne pourrait compliquer la position du constructeur allemand. D’autant plus que le marché chinois constitue actuellement son premier débouché en volume de ventes, devançant l’Amérique du Nord.
Une tendance qui s’étend à l’ensemble des constructeurs allemands
Mercedes-Benz n’est pas le seul à envisager un renforcement de sa présence industrielle aux États-Unis. D’autres marques allemandes comme Volkswagen, Audi et BMW prévoient également d’augmenter leur production locale pour éviter la taxe de 25%.
Cette réorganisation de la production automobile européenne montre la résilience d’un secteur habitué à s’adapter aux évolutions géopolitiques. Les constructeurs semblent déterminés à maintenir leur présence sur le marché américain, quitte à revoir profondément leur chaîne logistique et industrielle. (Une transformation qui rappelle les grands bouleversements industriels des années 80-90, quand les constructeurs japonais avaient massivement investi aux États-Unis pour des raisons similaires.)
La question reste maintenant de savoir comment cette nouvelle donne affectera les consommateurs européens. Les usines du Vieux Continent verront-elles leur volume diminuer? Les prix des modèles vendus en Europe seront-ils revus à la hausse pour compenser les investissements américains? L’avenir de l’industrie automobile se joue peut-être dans ces décisions stratégiques prises aujourd’hui.