Alors que l’Europe mise massivement sur la voiture électrique, les constructeurs japonais tracent une voie alternative pour l’avenir de l’automobile. Toyota, Mazda, Subaru, Suzuki et Daihatsu unissent leurs forces autour d’une innovation qui pourrait bouleverser l’industrie : les carburants synthétiques. Une alliance stratégique qui démontre la détermination nippone à ne pas abandonner le moteur thermique.
Ces géants de l’industrie automobile japonaise prévoient de dévoiler leurs avancées lors de l’Expo 2025 d’Osaka, un événement majeur qui réunira plus de 160 participants internationaux. Durant six mois, cette exposition mettra en lumière les dernières innovations technologiques dans divers domaines, des véhicules volants à la médecine, en passant par la robotique.
La stratégie japonaise face à la transition énergétique
Les constructeurs nippons ne rejettent pas l’électrification, mais refusent de mettre tous leurs œufs dans le même panier. Leur approche? Développer des moteurs thermiques compatibles avec différentes sources d’énergie à faible empreinte carbone. L’an dernier, une alliance entre plusieurs marques japonaises s’est formée pour concevoir la prochaine génération de moteurs essence.
Cette vision contraste avec la politique européenne qui impose la fin des ventes de véhicules thermiques neufs dès 2035. Les Japonais, eux, cherchent à maintenir une diversité technologique. (Une approche pragmatique qui reflète bien la culture d’innovation progressive propre au pays du Soleil-Levant.)
Le carburant synthétique : une solution viable?
Au cœur de cette stratégie se trouve le carburant synthétique, produit par ENEOS Corporation. Cette entreprise a récemment inauguré la première usine japonaise de démonstration capable de produire environ 160 litres quotidiens de carburant synthétique. Cette énergie alternative est fabriquée à partir d’hydrogène et de dioxyde de carbone.
Mais comment fonctionne ce carburant? À la différence des combustibles fossiles extraits du sol, il est créé par un processus qui utilise le CO2 capté directement dans l’atmosphère, de l’eau et de l’énergie issue de sources renouvelables. Quand ce carburant est brûlé dans un moteur, il libère la même quantité de CO2 que celle utilisée pour sa fabrication – créant ainsi un cycle neutre en carbone.
Vous vous demandez si votre voiture actuelle pourrait rouler avec? C’est bien là l’un des grands avantages de cette technologie, car elle nécessite peu ou pas de modifications des moteurs existants.
Les projets spécifiques des constructeurs
Chaque constructeur japonais développe sa propre vision dans le cadre de cette alliance:
Toyota travaille sur trois nouveaux moteurs à quatre cylindres adaptés aux carburants neutres en carbone. La marque semble aussi s’intéresser au moteur à pistons opposés de Subaru.
Mazda, fidèle à son ADN d’innovateur, poursuit le développement de moteurs rotatifs tout en travaillant sur un nouveau bloc Skyactiv-Z à quatre cylindres. Une technologie qui a toujours fait la singularité du constructeur d’Hiroshima.
Subaru affine son emblématique moteur boxer, apprécié pour son centre de gravité bas et sa sonorité caractéristique.
Les autres marques comme Suzuki et Daihatsu suivent le mouvement, adaptant cette vision à leurs gammes de véhicules plus compacts.
Une alternative aux biocarburants
Il est important de distinguer les carburants synthétiques des biocarburants. Ces derniers sont produits à partir de matières premières agricoles qui peuvent entrer en compétition avec l’alimentation humaine. À l’inverse, les e-fuels (autre nom des carburants synthétiques) utilisent des éléments fondamentaux comme l’oxygène, l’hydrogène et le dioxyde de carbone.
Cette approche rappelle les efforts déjà engagés par certains constructeurs allemands, notamment Porsche, qui a investi dans une usine au Chili dédiée à la production d’e-fuels. Une initiative qui montre que l’intérêt pour cette technologie dépasse les frontières japonaises.
Un avenir pour le moteur thermique après 2035?
L’Union Européenne a finalement inclus les carburants synthétiques comme option valable après 2035, suite à la pression de l’Allemagne. Cette décision ouvre une porte pour la survie des moteurs à combustion, à condition qu’ils fonctionnent avec des carburants neutres en carbone.
Les constructeurs japonais semblent donc avoir anticipé cette évolution réglementaire. Leur pari pourrait s’avérer gagnant si les carburants synthétiques parviennent à atteindre une production à grande échelle et des coûts compétitifs. Pour l’instant, le prix reste le principal obstacle à leur adoption massive.
Cette stratégie hybride – développer à la fois des véhicules électriques et des moteurs thermiques avancés – illustre la vision pragmatique de l’industrie automobile japonaise. Elle nous rappelle que la transition énergétique pourrait emprunter plusieurs chemins simultanément. Et vous, pensez-vous que votre prochaine voiture pourrait rouler aux carburants synthétiques?