La tendance semblait pourtant inarrêtable. Les véhicules électriques gagnaient du terrain année après année, portés par une prise de conscience écologique et des subventions gouvernementales. Mais voilà que les chiffres racontent une autre histoire aux États-Unis : l’intérêt des consommateurs pour les voitures à batterie marque un net recul.
Une récente enquête menée par Gallup révèle une chute préoccupante des intentions d’achat. Si 59% des Américains envisageaient l’acquisition d’un modèle électrique en 2023, ils ne sont plus que 51% au premier trimestre 2025. Cette désaffection se manifeste aussi chez les propriétaires actuels : seuls 11% d’entre eux possèdent ou songent sérieusement à l’achat d’un véhicule électrique, contre 16% auparavant.
L’effet Trump sur le marché électrique
Le climat politique américain pèse lourd dans cette équation. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a changé la donne. Le président américain n’a jamais caché son scepticisme face à la mobilité électrique et ses mesures concrétisent cette vision. Des droits de douane de 25% sur les importations ont déjà été instaurés, et d’autres décisions pourraient suivre.
Le nouveau locataire de la Maison Blanche a même évoqué la suppression pure et simple des aides à l’achat qui rendaient ces véhicules plus accessibles. Sans oublier le gel possible du déploiement national des bornes de recharge – un réseau pourtant vital pour convaincre les conducteurs hésitants. (On se souvient que l’autonomie reste l’un des freins majeurs à l’adoption des véhicules électriques.)
Tesla en chute libre
Cette baisse d’enthousiasme frappe de plein fouet Tesla, l’entreprise phare du secteur. Le constructeur californien traverse une période difficile marquée par un effritement spectaculaire de ses performances commerciales et boursières.
Les ventes de Tesla ont connu un effondrement de 45% en Europe, tandis que l’action a perdu près de la moitié de sa valeur depuis son pic historique de décembre 2024. Une dégringolade qui suscite des questions sur l’avenir de la marque d’Elon Musk.
L’image de Tesla souffre d’ailleurs au-delà des chiffres. Certains propriétaires semblent désormais gênés d’être vus au volant de leurs véhicules. Un phénomène qui fait écho aux prises de position controversées du PDG, devenu très proche de Donald Trump.
Les freins à l’adoption des véhicules électriques
Si l’enquête Gallup ne précise pas les raisons exactes de cette baisse d’intérêt, plusieurs facteurs semblent jouer. Lydia Saad, directrice de recherche sociale chez Gallup, propose une analyse : « Initialement, nous n’avons pas tant attribué ce recul à la politique qu’aux préoccupations pratiques comme l’accès aux stations de recharge et l’autonomie des véhicules. »
Ces défis structurels restent entiers. La question de l’autonomie (encore limitée à 300-400 km en conditions réelles pour de nombreux modèles), la rareté relative des points de charge rapide (équivalents à nos bornes de 150 kW et plus) et le prix d’achat élevé (en moyenne autour de 35 000 € en France pour un modèle compact de milieu de gamme) freinent l’adoption massive.
Vous hésitez à franchir le pas de l’électrique? Vous n’êtes visiblement pas seuls, même si le contexte français diffère notablement du marché américain.
Des ventes qui résistent… pour l’instant
Paradoxalement, malgré la baisse d’intérêt général, les chiffres de vente américains affichent encore une progression. Plus de 365 000 véhicules électriques ont trouvé preneur au dernier trimestre 2024, contre 317 000 sur la même période l’année précédente.
Cette augmentation de 15% pourrait n’être qu’un dernier soubresaut avant un ralentissement plus marqué. Les analystes du secteur automobile s’interrogent : assistons-nous à un simple plateau dans la courbe d’adoption ou à un véritable retournement de tendance?
Quel impact sur le marché français?
En France, la situation diffère grâce à une politique de soutien plus stable et des objectifs européens ambitieux en matière de réduction des émissions de CO₂. Le bonus écologique, même revu à la baisse (4 000 € pour les ménages les plus modestes), maintient une certaine attractivité.
Notre réseau de recharge public continue de s’étoffer avec près de 100 000 points accessibles. Mais la vigilance reste de mise : les tendances américaines finissent souvent par traverser l’Atlantique, avec un décalage de quelques années.
Les constructeurs français comme Renault et Stellantis observent avec attention ce qui se passe outre-Atlantique. La réussite de modèles comme la Mégane E-Tech ou la Peugeot e-208 pourrait être compromise si une vague de défiance similaire venait à toucher l’Europe.
Le secteur automobile traverse une période charnière. La transition vers l’électrique, que beaucoup croyaient acquise, pourrait connaître des turbulences imprévues. Et vous, envisagez-vous l’achat d’une voiture électrique dans les prochains mois?