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La guerre des terres rares menace l’avenir de la voiture électrique en Europe

Ce que vous devez retenir

  • Depuis le retour de Donald Trump à la présidence américaine en janvier 2025, une guerre commerciale d’une ampleur inédite secoue les marchés mondiaux, avec des répercussions directes sur l’industrie de la mobilité électrique.
  • La nouvelle administration américaine a rapidement mis en place une politique de droits de douane visant plusieurs pays, mais avec la Chine clairement dans le collimateur.
  • En d’autres termes, attirer les investissements étrangers, convaincre les entreprises de délocaliser leurs activités sur le sol américain et recruter les talents internationaux.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les voitures électriques chinoises arrivent sur nos routes européennes avec des prix défiant toute concurrence ? La réponse se cache dans une bataille géopolitique complexe qui dépasse largement les simples questions automobiles. Depuis le retour de Donald Trump à la présidence américaine en janvier 2025, une guerre commerciale d’une ampleur inédite secoue les marchés mondiaux, avec des répercussions directes sur l’industrie de la mobilité électrique.

Les dessous d’une stratégie commerciale agressive

La nouvelle administration américaine a rapidement mis en place une politique de droits de douane visant plusieurs pays, mais avec la Chine clairement dans le collimateur. Cette offensive tarifaire, temporairement suspendue depuis avril pour permettre des négociations, reprendra automatiquement le 9 juillet si aucun accord n’est trouvé. Mais cette guerre commerciale cache des enjeux bien plus profonds qu’une simple querelle sur les balances commerciales.

L’objectif premier ? Réduire le déficit commercial américain en rendant les importations plus coûteuses. Mais derrière cette façade se profile une ambition autrement plus vaste : reconquérir la domination économique mondiale que les États-Unis ont progressivement cédée à la Chine depuis le début des années 2000.

La stratégie des trois « C » pour réindustrialiser l’Amérique

Le plan trumpien repose sur l’attraction de trois éléments clés : le capital, les corporations et les cerveaux. En d’autres termes, attirer les investissements étrangers, convaincre les entreprises de délocaliser leurs activités sur le sol américain et recruter les talents internationaux. Cette démarche s’inscrit dans le mouvement MAGA (Make America Great Again) qui prône un retour à une économie de production plutôt qu’à ce « capitalisme dématérialisé » dominé par la finance.

Parallèlement, Washington exerce une pression considérable sur les banques centrales mondiales pour qu’elles se délestent de leurs réserves en dollars et investissent dans la dette américaine. Car c’est là que le bât blesse : avec 8,5 billions d’euros de dette arrivant à échéance cette année, les États-Unis font face à une pression énorme sur leurs marchés obligataires.

Un bras de fer sino-américain aux conséquences mondiales

Face à la Chine, les États-Unis partent avec un handicap de taille. L’empire du Milieu peut absorber des droits de douane allant jusqu’à 25 ou 30 % tout en maintenant la rentabilité de ses exportations. Ce sont finalement les consommateurs et entreprises américains qui pâtissent de cette politique, eux qui dépendent massivement des produits chinois bon marché.

Les récentes annonces d’un accord commercial entre Washington et Pékin restent floues. Tandis que l’administration Trump clame avoir signé un accord la semaine dernière, les autorités chinoises démentent et évoquent seulement des « réunions » à Genève et Londres sans aboutissement concret.

Les terres rares, nerf de la guerre électrique

C’est ici que la voiture électrique entre en scène. Les négociations porteraient sur un échange : les États-Unis pourraient importer des terres rares chinoises contre la libre circulation des semi-conducteurs vers la Chine. Mais pourquoi ces matériaux sont-ils si stratégiques ?

Ces éléments chimiques (lithium, cobalt, nickel, terres rares) constituent l’épine dorsale des batteries lithium-ion qui équipent nos véhicules électriques. Et là réside l’avantage concurrentiel chinois : Pékin contrôle 70 % de l’extraction mondiale et 90 % du raffinage de ces matériaux. Cette mainmise explique pourquoi une BYD ou une MG peuvent proposer des modèles électriques à des tarifs imbattables sur le marché européen.

Contrairement aux constructeurs occidentaux qui dépendent de chaînes d’approvisionnement complexes, les marques chinoises maîtrisent l’intégralité du processus de production. De l’extraction minière à l’assemblage final, elles contrôlent chaque maillon de la chaîne (une intégration verticale qui leur confère une flexibilité et des coûts optimisés).

Au-delà de l’automobile, un enjeu de souveraineté

Mais ces terres rares ne servent pas qu’aux véhicules zéro émission. Elles alimentent aussi l’internet des objets, l’intelligence artificielle et surtout… l’industrie militaire. Missiles guidés, drones, systèmes de communication sécurisée : tout l’arsenal moderne dépend de ces matériaux que les États-Unis ne possèdent pas.

Cette dépendance explique l’intérêt soudain de Washington pour des territoires comme le Groenland, riche en terres rares et en hydrocarbures. Contrôler ce territoire danois reviendrait à sécuriser près de la moitié de l’Arctique, zone stratégique par excellence. L’autre moitié ? Elle appartient à la Russie, alliée de la Chine.

L’Arctique, nouvelle route de la soie maritime

Pendant les mois d’été, quand la glace fond partiellement, l’Arctique offre une voie maritime alternative à la traditionnelle route de la soie. Plus courte, elle évite les zones de tension du Moyen-Orient. La Chine, forte de ses accords avec Moscou, pourrait exploiter cette route pour ses exportations, notamment ses véhicules électriques vers l’Europe.

Voilà pourquoi certains analystes évoquent une nouvelle Guerre froide, avec la Chine dans le rôle jadis tenu par l’Union soviétique. Une confrontation où la mobilité électrique ne constitue qu’un des nombreux champs de bataille, mais certainement l’un des plus visibles pour nous, consommateurs européens.

Cette guerre souterraine des terres rares pourrait bien redessiner l’avenir de nos routes. Alors que l’Europe mise tout sur la transition énergétique automobile, elle se retrouve spectatrice d’un affrontement dont l’issue déterminera qui contrôlera réellement le marché de la voiture électrique de demain.

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