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La fin d’un rêve européen : Northvolt, géant suédois des batteries, déclare faillite

Le fabricant suédois Northvolt, l’un des plus grands producteurs européens de pour véhicules électriques, vient d’annoncer officiellement son dépôt de bilan. Cette nouvelle confirme les craintes du secteur automobile et remet en question l’indépendance énergétique européenne face à la domination chinoise.

Un aveu d’échec pour l’industrie européenne des batteries

La nouvelle est tombée comme un couperet pour l’. Northvolt, entreprise suédoise considérée comme le fer de lance de la production européenne de batteries pour véhicules électriques, a officiellement déposé le bilan. Le conseil d’administration a confirmé avoir tenté jusqu’au dernier moment de maintenir sa production malgré l’augmentation constante des coûts de capital.

Cette faillite intervient après l’annonce en septembre dernier d’un plan de restructuration qui prévoyait déjà la suppression d’environ 1 600 postes, soit près d’un cinquième de ses effectifs. Une mesure drastique qui n’aura pas suffi à redresser la barre d’une entreprise croulant sous une dette colossale de plus de 7,4 milliards d’euros.

Les raisons multiples d’un échec industriel

L’entreprise suédoise pointe plusieurs facteurs pour expliquer cette situation catastrophique. Tout d’abord, l’explosion des coûts de production qui n’a cessé de grever sa rentabilité. Mais ce n’est pas le seul élément en cause. Northvolt évoque également des ruptures répétées dans la chaîne d’approvisionnement, conséquence directe des tensions géopolitiques mondiales.

La fluctuation de la demande sur le marché des véhicules électriques a également joué un rôle déterminant. Après une croissance euphorique, le secteur connaît désormais un ralentissement significatif, notamment en Europe où les ventes de électriques ne progressent plus au rythme espéré. Cette situation a fragilisé encore davantage un modèle économique déjà sous pression face à la concurrence asiatique.

Le rêve brisé de l’autonomie européenne

Cette faillite marque un coup d’arrêt brutal pour les ambitions européennes dans le secteur stratégique des batteries. Fondée en 2016, Northvolt incarnait l’espoir d’une Europe capable de rivaliser avec les géants asiatiques comme CATL ou BYD. Ces derniers produisent des batteries à des coûts bien inférieurs, rendant la concurrence pratiquement impossible pour les acteurs européens.

L’arrivée massive des fabricants asiatiques sur le sol européen a constitué le coup de grâce pour l’entreprise suédoise. Malgré un soutien financier considérable – plus de 9,3 milliards d’euros d’investissements depuis sa création, dont des participations majeures de Volkswagen (21%) et Goldman Sachs (19%) – Northvolt n’a pas réussi à établir un modèle économique viable face à la .

Une tentative désespérée de sauvetage

Pour tenter de survivre, Northvolt a activé le fameux « Chapitre 11 » de la législation américaine sur les faillites, lui offrant une temporaire contre ses créanciers. Cette procédure lui permet d’obtenir des liquidités pour mettre en œuvre une restructuration complète de ses activités. Mais beaucoup d’analystes s’interrogent : ces changements n’arrivent-ils pas trop tard?

Il est intéressant de noter que la avait elle-même injecté 902 millions d’euros en début d’année 2024, dans une tentative désespérée d’empê un possible transfert de la production vers les . Un investissement public considérable qui n’aura finalement pas suffi à sauver l’entreprise de la faillite.

L’Europe toujours dépendante de la Chine

Cette faillite rappelle cruellement la réalité du marché mondial des batteries. Malgré les ambitions affichées par l’industrie automobile européenne de concevoir et produire ses propres batteries, la dépendance envers les chinois reste entière. Les constructeurs européens, qui espéraient s’approvisionner auprès de fabricants locaux comme Northvolt, voient leurs espoirs s’envoler.

La question se pose désormais avec acuité : l’Europe peut-elle réellement développer une filière batterie indépendante? Le modèle économique européen, avec ses coûts de production élevés et ses normes environnementales strictes, semble difficilement compatible avec une concurrence directe face aux géants asiatiques qui bénéficient d’économies d’échelle massives et de coûts de main-d’œuvre inférieurs. Cette situation laisse présager une dépendance prolongée de l’industrie automobile européenne vis-à-vis des fournisseurs chinois, un constat amer pour les ambitions d’autonomie stratégique du continent.

Quel avenir pour l’industrie européenne des batteries?

La restructuration en cours chez Northvolt pourrait ouvrir la voie à un nouveau modèle d’affaires. L’entreprise suédoise continuera d’explorer différentes pistes pour obtenir des financements et poursuivre son activité sous une forme probablement plus modeste. Certains experts évoquent la possibilité d’une spécialisation dans des batteries haut de gamme ou des applications de niche, abandonnant l’ambition de concurrencer frontalement les volumes massifs des producteurs asiatiques.

Cette faillite pose également la question du modèle européen de soutien à l’innovation industrielle. Malgré des investissements publics et privés colossaux, l’écosystème industriel européen peine à créer les conditions d’une compétitivité durable face à la concurrence internationale. Entre les coûts énergétiques élevés, la complexité réglementaire et l’accès aux matières premières stratégiques, l’Europe doit repenser en profondeur sa si elle souhaite véritablement rivaliser avec la Chine dans ce secteur d’avenir. La souveraineté technologique européenne dans le domaine des batteries électriques semble aujourd’hui plus éloignée que jamais, un constat amer pour l’industrie automobile du continent qui mise massivement sur l’électrification.

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