Face à une série d’incendies impliquant des véhicules électriques, plusieurs villes chinoises ont pris une décision radicale : interdire l’accès des parkings souterrains à ces véhicules. Cette mesure, qui peut sembler excessive au premier abord, s’est progressivement étendue à différentes localités chinoises au cours de l’année dernière. Mais qu’est-ce qui justifie une telle restriction et quels sont les vrais risques liés aux batteries lithium-ion ?
Une accumulation d’incidents préoccupante
La ville de Hangzhou a connu une concentration particulièrement alarmante d’incendies début mai, avec pas moins de 11 cas répertoriés en une seule semaine. Cette situation a poussé un hôtel cinq étoiles de la région à bannir tous les modèles électriques de son parking souterrain.
Interrogé sur cette décision, le directeur de l’établissement a expliqué : « En raison des caractéristiques propres aux incendies de véhicules électriques et des limites de nos équipements anti-incendie, nous estimons plus prudent de ne pas autoriser leur entrée dans notre garage souterrain. »
En septembre, d’autres établissements à Ningbo et Xiaoshan ont adopté des mesures similaires, réorientant les voitures électriques vers des zones de stationnement extérieures, jugées moins risquées en cas d’incident. Cette tendance s’est rapidement propagée, provoquant des débats animés dans tout le pays.
Des témoignages qui alimentent les craintes
Un conducteur de Xiaoshan raconte : « Les véhicules à propulsion électrique peuvent s’enflammer très vite. Nous avons vu un reportage sur une personne qui transportait une batterie lithium-ion dans un ascenseur quand celle-ci a pris feu spontanément, lui brûlant 90% du corps. »
Un mécanicien travaillant dans un atelier de réparation à Hangzhou ajoute : « Nous avons constaté de nombreux cas de voitures électriques qui se sont enflammées spontanément ou ont déclenché d’importants incendies lors de collisions. La plupart des parkings souterrains sont conçus avec des plafonds bas, ce qui rend impossible l’accès des camions de pompiers. »
(Ces témoignages font froid dans le dos, mais méritent d’être remis en perspective avec des données objectives.)
Mythes et réalités sur les incendies de voitures électriques
Depuis que les véhicules électriques gagnent en popularité, les incidents d’incendies ont généré beaucoup de polémiques et de fausses informations. Il est temps de rétablir quelques vérités.
Première révélation : statistiquement, les voitures électriques prennent moins souvent feu que leurs homologues thermiques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : pour 100 000 véhicules, on compte environ 25 incendies de voitures électriques, contre plus de 1 500 pour les modèles essence ou diesel, et près de 3 500 pour les hybrides.
Le vrai problème : l’extinction difficile
Si les voitures électriques s’enflamment moins souvent, lorsqu’un incendie se déclare, la situation devient nettement plus complexe. La raison ? Le phénomène d’emballement thermique.
En cas d’avarie, d’impact ou de perforation de la batterie, une réaction chimique s’enclenche, libérant des gaz nocifs et une chaleur intense. Cette réaction s’auto-alimente et provoque une augmentation incontrôlée de la température, rendant les méthodes classiques d’extinction peu efficaces.
Pour éteindre un incendie de voiture thermique, les pompiers utilisent en moyenne entre 2 500 et 3 000 litres d’eau. Pour une voiture électrique ? Ce chiffre peut dépasser les 20 000 litres ! Voilà qui illustre parfaitement l’ampleur du défi.
Vous possédez une voiture électrique ou envisagez d’en acheter une ? Rassurez-vous : ces véhicules ne sont pas intrinsèquement plus dangereux. Mais la question des infrastructures adaptées pour faire face aux risques spécifiques qu’ils présentent reste posée. Et vous, seriez-vous prêt à accepter des restrictions de stationnement pour votre véhicule électrique au nom de la sécurité collective ?