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Immersion dans l’usine Audi de Györ : j’ai assemblé un moteur électrique de mes propres mains

En visite exclusive dans l’usine hongroise d’ à Györ, nous avons eu l’opportunité unique de participer à l’assemblage d’un moteur électrique destiné à la nouvelle Q6 e-tron. Cette expérience révèle les secrets de fabrication de cette technologie qui représente l’avenir de l’automobile, mais qui reste méconnue du grand public. Entre haute technologie et processus simplifiés, découvrez les coulisses de la motorisation électrique chez le constructeur aux anneaux.

Dans les entrailles de l’usine Audi de Györ

Il est 10h00 du matin lorsque j’arrive à l’usine de Györ en Hongrie au volant de la nouvelle Audi Q6 e-tron, un modèle fabriqué précisément dans ces installations. À mon arrivée, on me remet une veste rouge, l’uniforme emblématique des employés d’Audi, pour que je puisse vivre l’expérience complète d’un technicien chargé d’assembler un moteur électrique.

Cette immersion dans l’univers industriel d’Audi n’est pas seulement fascinante pour un passionné d’automobile comme moi, mais elle représente aussi une occasion unique de démystifier la technologie des voitures électriques, souvent mal comprise par le grand public. Loin d’être un cours d’ électrique complexe, cette expérience vise à rendre accessible les principes fondamentaux qui régissent le fonctionnement de ces groupes motopropulseurs du futur.

Les principes fondamentaux d’un moteur électrique

Pour comprendre le fonctionnement d’un moteur électrique, commençons par les bases. Un moteur électrique transforme l’énergie électrique en énergie mécanique de rotation grâce à un axe. Son fonctionnement repose sur un principe physique simple : les forces d’attraction et de répulsion entre un aimant et un conducteur (généralement en cuivre) parcouru par un courant électrique. Cette interaction électromagnétique génère un mouvement rotatif qui sera transmis aux roues de la voiture.

La conception des électriques prend en compte plusieurs facteurs essentiels : dimensions, puissance, rendement et utilisation prévue. Plus la puissance souhaitée est élevée, plus la conductivité électrique nécessaire augmente. Traditionnellement, le conducteur prenait la forme d’une bobine de fil de cuivre enroulée autour d’un axe, placé au centre d’un noyau d’aimants. La règle est simple : plus la quantité de cuivre enroulé est importante, plus le moteur tournera rapidement, générant ainsi davantage de puissance. L’un des grands avantages de la motorisation électrique réside dans sa relative simplicité mécanique qui limite les possibilités de défaillances, contrairement aux composés de centaines de pièces mobiles.

L’innovation majeure des « hairpins » dans les moteurs d’Audi

La véritable révolution dans la fabrication des moteurs électriques chez Audi réside dans l’abandon du bobinage traditionnel de cuivre au profit des « hairpins », des barrettes rectangulaires de cuivre en forme d’épingle à cheveux. Cette innovation, bien que simple en apparence, transforme radicalement les du moteur. Contrairement aux bobines classiques, ces hairpins s’adaptent parfaitement aux cavités du stator sans laisser d’espaces vides qui seraient naturellement remplis d’air, un élément qui n’apporte rien de positif au processus de génération d’énergie.

L’automatisation de l’assemblage de ces barrettes de cuivre représente une avancée considérable dans l’industrie. Elle permet d’atteindre une densité de puissance supérieure tout en optimisant le rendement énergétique. Le bloc moteur que j’ai devant moi est destiné à la version d’entrée de gamme de la Q6 e-tron, capable de développer 215 kW (soit 292 ch). Selon Georg Fleck Valls, directeur de l’assemblage des moteurs électriques de la plateforme PPE (Premium Platform Electric) à Györ, l’assemblage complet de ce propulseur nécessite entre trois et quatre heures dans des conditions normales de production.

Mon expérience d’assemblage d’un moteur électrique

Sur mon poste de travail se trouvent la carcasse extérieure en aluminium déjà usinée, ainsi que le stator et le rotor prêts à être assemblés. Ma mission consiste à unir ces différentes pièces, tel un jeu de construction grandeur nature. Heureusement pour les futurs propriétaires d’Audi électriques, ce moteur expérimental ne sera jamais monté sur un véhicule de série ! Je commence par enfiler des gants spéciaux, non seulement pour me protéger mais surtout pour éviter que la graisse naturelle de mes mains ne contamine les composants.

Je saisis d’abord l’ensemble formé par le stator et le rotor, dont le poids d’environ 13 kg me surprend. L’insertion dans la carcasse demande de la précision, mais l’axe central facilite heureusement le positionnement. Vient ensuite la mise en place de la boîte de vitesses et des roulements qui la relient au moteur. Ce processus exige une précision millimétrique, car le moindre désalignement provoquerait des frottements et des vibrations indésirables. Contrairement aux moteurs thermiques dont le bruit de fonctionnement peut masquer certaines vibrations parasites, les moteurs électriques doivent fonctionner dans un silence absolu, rendant tout défaut d’assemblage immédiatement perceptible.

Le contrôle qualité rigoureux d’Audi

À Györ, l’usine dispose de cinq bancs d’essai dédiés au contrôle final de la qualité des moteurs. Chaque unité produite subit une série de tests pour vérifier son fonctionnement optimal. Avant d’en arriver à cette étape finale, je dois encore installer le circuit de refroidissement et positionner le couvercle qui scelle l’ensemble du bloc moteur. Cette opération s’avère particulièrement délicate, car il faut faire coïncider parfaitement les engrenages avec les orifices de sortie. Après quelques ajustements, je parviens à positionner correctement toutes les pièces.

En suivant méticuleusement le manuel d’instructions fourni par un technicien d’Audi, je place chaque vis à son emplacement exact et les serre avec une clé dynamométrique réglée à 16 Nm de couple (certaines nécessitant seulement 9 Nm), dans l’ordre précis indiqué par le manuel. Au total, près de 50 vis assurent l’intégrité structurelle du moteur. Cette opération m’a pris environ trente minutes, alors que dans les conditions réelles de production, entre robots et opérateurs qualifiés, ce même processus ne requiert que cinq minutes, avec une précision infiniment supérieure à la mienne.

L’avenir des moteurs électriques : évolution plutôt que révolution

Au cours des cent dernières années, les moteurs à combustion ont connu d’innombrables évolutions : augmentation de la puissance, amélioration du rendement, diversification des architectures (moteurs en ligne, en V, à plat, Wankel…). Face à cette richesse historique, je demande à Georg Fleck Valls quelle nous pouvons attendre des moteurs électriques dans les prochaines décennies. Sa réponse, après un moment d’hésitation révélateur, est sobre mais significative : « Je pense qu’il y aura évolution, pas révolution ».

Cette réponse illustre parfaitement la réalité technologique des motorisations électriques. Leur principe de fonctionnement, basé sur des lois physiques immuables, laisse moins de place à l’innovation radicale que les moteurs thermiques. Les progrès viendront essentiellement de l’optimisation des matériaux, de la miniaturisation des composants et de l’amélioration des rendements énergétiques. Le groupe motopropulseur de la Q6 e-tron représente déjà un excellent exemple de cette , avec son système de refroidissement sophistiqué et sa densité de puissance remarquable.

La simplification comme philosophie industrielle

L’une des leçons les plus frappantes de cette expérience d’assemblage est la relative simplicité mécanique des moteurs électriques par rapport à leurs homologues thermiques. Là où un moteur à combustion moderne peut contenir plus de 2 000 pièces mobiles, un moteur électrique n’en compte qu’une fraction. Cette simplification structurelle constitue un atout majeur pour la fiabilité à long terme et la facilité de maintenance.

L’usine de Györ illustre parfaitement la transition industrielle vers l’électrification. Autrefois dédiée principalement à la production de moteurs thermiques, elle s’est transformée pour accueillir les nouvelles chaînes d’assemblage de moteurs électriques. Cette métamorphose a nécessité non seulement des investissements massifs en équipements, mais aussi une formation approfondie du personnel. La robotisation joue un rôle prépondérant dans ce processus, garantissant une précision constante impossible à atteindre manuellement. Malgré cette automatisation poussée, l’expertise humaine reste indispensable pour la supervision et les contrôles qualité finaux.

L’impact écologique de la production des moteurs électriques

Au-delà des aspects technologiques, la fabrication des moteurs électriques soulève des questions environnementales importantes. Si l’utilisation d’une voiture électrique génère considérablement moins d’émissions polluantes qu’un véhicule thermique, sa production initiale peut avoir une empreinte écologique significative, notamment en raison des matériaux utilisés dans les batteries et les moteurs.

Audi a pris conscience de cet enjeu et a mis en place plusieurs initiatives pour réduire l’impact environnemental de sa production. L’usine de Györ utilise notamment de l’énergie renouvelable pour alimenter ses chaînes de montage, et le processus de fabrication des moteurs électriques a été conçu pour minimiser les déchets. La récupération et le recyclage du cuivre et des autres matériaux stratégiques font partie intégrante de la industrielle du groupe. Ces efforts s’inscrivent dans la vision plus large du groupe , qui vise la neutralité carbone d’ici 2050 pour l’ensemble de ses activités.

La formation des techniciens spécialisés en motorisation électrique

L’électrification du parc automobile pose également un défi majeur en termes de compétences. Les mécaniciens formés aux moteurs thermiques doivent acquérir de nouvelles connaissances pour intervenir sur les systèmes électriques haute tension. Audi a développé des programmes de formation spécifiques pour accompagner cette transition, tant pour ses employés d’usine que pour les techniciens de son réseau après-vente.

Ma brève expérience d’assemblage m’a fait prendre conscience de la technicité requise pour manipuler ces composants. Au-delà des gestes techniques, la compréhension des principes électromagnétiques et des systèmes de gestion thermique devient essentielle. Les voitures électriques nécessitent une approche différente de la maintenance, davantage axée sur l’électronique et l’informatique que sur la mécanique traditionnelle. Cette évolution représente une véritable révolution culturelle dans le monde de l’automobile, comparable à la transition du carburateur vers l’injection électronique dans les années 1980.

Perspectives pour l’avenir de la mobilité électrique chez Audi

La Q6 e-tron dont j’ai assemblé partiellement le moteur s’inscrit dans la ambitieuse d’Audi. D’ici 2027, le constructeur prévoit de proposer au moins un modèle électrique dans chaque segment de marché. La plateforme PPE, développée conjointement avec Porsche, représente une étape cruciale dans cette transformation. Elle permet d’optimiser l’intégration des composants électriques tout en préservant l’ADN sportif et premium de la marque aux anneaux.

Avec une puissance de 215 kW (292 ch) pour la version d’entrée de gamme, la motorisation que j’ai assemblée offre déjà des performances remarquables. Les versions plus puissantes, équipées de moteurs supplémentaires pour une transmission intégrale, pourront dépasser les 400 kW (544 ch), rivalisant ainsi avec les berlines sportives thermiques les plus prestigieuses. Les ingénieurs d’Audi travaillent également sur l’optimisation de l’autonomie, avec l’objectif d’atteindre les 600 km en cycle WLTP pour les prochaines générations de véhicules électriques. Cette évolution passe non seulement par l’amélioration des batteries, mais aussi par l’optimisation du rendement des moteurs et des systèmes de récupération d’énergie au freinage.

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