Dans un virage inattendu au sein du monde automobile actuel, Hyundai vient de lever le voile sur le moteur qui propulsera son futur hypercar de course. La marque coréenne a fait un choix qui va à contre-courant des tendances actuelles en présentant un V8 biturbo destiné à son prototype qui participera aux mythiques 24 Heures du Mans en 2026. Une annonce qui fait sensation dans un contexte où l’électrification semble être la priorité de tous les constructeurs.
Le groupe automobile coréen avait déjà fait part en décembre 2024 de sa volonté de s’engager dans le Championnat du Monde d’Endurance (WEC) via sa marque premium Genesis. Le projet, baptisé Genesis Magma Racing, prendra vie avec un premier modèle nommé GMR-001 qui fera ses débuts au Mans en 2026, avant de rejoindre le championnat IMSA en 2027.
Un V8 biturbo à l’ère de l’électrification
Alors que la plupart des constructeurs concentrent leurs efforts sur le développement de motorisations électriques ou alternatives comme la pile à hydrogène, le choix d’un V8 par Hyundai détonne dans le paysage actuel. Cette décision marque une orientation technique audacieuse pour la marque coréenne.
Le prototype GMR-001 est construit selon la réglementation LMDh (Le Mans Daytona hybrid). Il repose sur un châssis carbone fourni par Oreca, l’un des quatre fabricants homologués. Comme tous les concurrents de cette catégorie, il embarque une motorisation hybride standardisée comprenant une batterie Williams, un moteur électrique Bosch et une transmission X-Trac.
C’est au niveau du moteur thermique que Hyundai a fait un choix distinctif. Après plusieurs mois de silence sur cette question, Genesis a enfin révélé qu’il s’agit d’un V8 biturbo développé en interne par Hyundai Motorsport, la division qui conçoit aussi les puissants moteurs 4 cylindres 1,6 litre turbo utilisés en Championnat du Monde des Rallyes.
Un moteur dérivé de l’expertise rallye
Le plus fascinant dans cette annonce est que l’architecture de base du V8 est directement inspirée du bloc 4 cylindres utilisé en rallye. Selon les informations communiquées par la marque, ce nouveau moteur partagerait environ 60% de ses composants avec le 4 cylindres 1,6 litre.
Si la cylindrée exacte n’a pas encore été dévoilée, on peut supposer qu’il s’agirait d’un bloc de 3,2 litres en se basant sur une simple multiplication mathématique. Une autre hypothèse évoque une cylindrée de 4,0 litres, mais rien n’est confirmé pour le moment.
François-Xavier Demaison, directeur technique de Hyundai Motorsport, explique : « Le moteur quatre cylindres en ligne est très sophistiqué et efficient. C’est un vrai moteur de compétition, donc une base solide pour développer un moteur destiné au WEC. Les rallyes sont une sorte de course d’endurance, ce qui en fait un excellent point de départ pour un moteur devant affronter les 24 Heures du Mans. »
Un développement minutieux et progressif
Le travail sur ce V8 a débuté en juin 2023 et s’est achevé en octobre de la même année. La fabrication du premier moteur n’a eu lieu qu’au début de cette année, révélant un processus long et méthodique.
Un ingénieur du projet a expliqué : « L’assemblage du premier moteur prend toujours plus de temps car nous portons une attention spéciale aux détails, surtout quand nous découvrons un nouveau moteur. Nous avons dû apprendre et élaborer la documentation ensemble. Cela nous a pris entre trois et quatre semaines, mais nous avons réalisé le premier démarrage exactement comme prévu. »
Pour l’instant, les caractéristiques précises du V8 demeurent confidentielles. On ignore sa cylindrée définitive ainsi que sa puissance. La réglementation LMDh impose tout de même que la puissance totale ne dépasse pas les 630 chevaux, en incluant l’apport du système hybride. Cette limite réglementaire nous donne une idée de ce que pourra développer le prototype en combinant le nouveau V8 et la partie électrique commune à tous les concurrents.
Un programme d’essais intensif avant Le Mans
Le V8 n’est pas encore installé dans le châssis du prototype. Avant cette étape, il doit subir une série de tests au banc d’essai. Il sera ensuite associé à la boîte de vitesses et au système hybride pour réaliser de nouveaux tests, notamment des évaluations d’endurance pour vérifier sa fiabilité.
Les premiers essais sur circuit sont programmés pour la fin de cette année, si Genesis et Hyundai Motorsport parviennent à tenir le calendrier établi. Vous imaginez l’excitation des ingénieurs à l’idée d’entendre rugir ce V8 sur l’asphalte pour la première fois ? Le monde de l’endurance automobile retient son souffle.
Ce projet représente un véritable défi technique pour le groupe coréen qui n’a jamais participé aux 24 Heures du Mans. La concurrence sera rude face à des mastodontes comme Toyota, Ferrari, Porsche ou encore Cadillac qui disposent d’une longue expérience dans cette discipline.
Une stratégie audacieuse dans l’univers des hypercars
L’engagement de Genesis dans la catégorie LMDh témoigne des ambitions sportives grandissantes du groupe Hyundai. Alors que la marque premium coréenne cherche à s’imposer sur le marché européen dominé par les constructeurs allemands, cette participation aux courses d’endurance pourrait renforcer son image de marque et démontrer son savoir-faire technologique.
Le choix d’un V8 biturbo, dans un contexte où les préoccupations environnementales poussent à l’électrification, peut sembler à contre-courant. Mais il souligne aussi la volonté de Genesis de faire vibrer les passionnés avec une motorisation charismatique. (Et avouons-le, qui n’aime pas le son d’un V8 bien accordé ?)
La catégorie LMDh, avec son approche hybride, offre un excellent terrain d’expérimentation pour les technologies qui pourraient équiper les futures voitures de route. Le savoir-faire acquis en compétition sera sans doute profitable aux modèles de série.
Rendez-vous en 2026 pour voir si ce pari audacieux permettra à Genesis de briller sur le circuit de la Sarthe et d’écrire une nouvelle page de l’histoire automobile coréenne dans l’univers très fermé des hypercars de compétition.