L’heure des essais hivernaux approche et le puzzle des nouvelles monoplaces pour la saison 2025 se complète progressivement. La Red Bull Racing vient de dévoiler sa nouvelle arme, baptisée RB21, marquant un tournant historique pour l’écurie autrichienne qui présente sa première voiture en près de deux décennies sans l’empreinte du légendaire Adrian Newey. Un moment charnière qui soulève de nombreuses questions sur la capacité de l’équipe à maintenir sa domination écrasante.
Une nouvelle ère pour Red Bull Racing
La journée a débuté avec la présentation très attendue de la nouvelle monoplace de Red Bull Racing. L’écurie autrichienne a conservé sa logique habituelle de dénomination en baptisant son nouveau bolide RB21. Cette voiture revêt une importance particulière dans l’histoire de l’équipe puisqu’il s’agit de la première monoplace depuis près de vingt ans qui ne porte pas la signature d’Adrian Newey.
Le célèbre ingénieur britannique, considéré comme l’un des plus grands génies de l’aérodynamique en Formule 1, a quitté les « taureaux rouges » et débutera sa nouvelle carrière chez Aston Martin dans une semaine. Un changement majeur qui soulève de nombreuses questions : « Comment Red Bull maintiendra-t-elle sa domination sans son architecte principal ? » s’interrogent les spécialistes.
La RB21 a été photographiée dans l’usine de Milton Keynes, en Angleterre, par le talentueux Vladimir Rys. Avez-vous remarqué les subtiles différences avec le modèle précédent ? Elles sont nombreuses mais discrètes, car cette monoplace constitue logiquement une évolution de sa devancière.
L’histoire entre Red Bull et Adrian Newey a commencé en 2006, lorsque l’ingénieur a rejoint l’équipe alors naissante après des passages remarqués chez Williams et McLaren. Son influence a été déterminante dans la transformation d’une écurie de milieu de grille en une véritable machine à gagner. Entre 2010 et 2013, ses créations ont permis à Sebastian Vettel de remporter quatre titres mondiaux consécutifs, avant l’ère hybride qui a vu Mercedes prendre l’ascendant.
La dernière saison d’un cycle réglementaire dominé
Nous entrons dans la dernière saison de ce cycle réglementaire, une période durant laquelle Red Bull Racing a littéralement écrasé la concurrence. L’écurie a remporté deux titres constructeurs consécutifs et quatre titres pilotes grâce au talent exceptionnel de Max Verstappen.
Cette domination s’est manifestée dès l’introduction des nouvelles règles en 2022, avec l’effet de sol qui a révolutionné l’aérodynamique des F1. Red Bull a immédiatement saisi l’essence de cette réglementation, concevant des monoplaces redoutablement efficaces sur tous types de circuits – des tracés sinueux de Monaco aux longues lignes droites de Monza.
La RB21 représente l’aboutissement de plusieurs années d’optimisation autour d’un concept éprouvé qui a démontré son efficacité partout. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : en 2024, l’écurie a remporté 18 des 23 Grands Prix disputés, un ratio de victoires impressionnant de 78% qui illustre parfaitement leur maîtrise technique.
Le budget de développement annuel pour une telle monoplace atteint désormais le plafond réglementaire fixé à 135 millions d’euros par la FIA, auxquels s’ajoutent les exemptions pour les trois pilotes les mieux payés et les cadres supérieurs. Un investissement colossal qui témoigne de l’importance stratégique de ce secteur pour les constructeurs. À titre de comparaison, en France, cela représente environ le double du budget annuel du Paris Saint-Germain en football.
Un nouveau duo de pilotes aux ambitions contrastées
Max Verstappen, quadruple champion du monde néerlandais, reste naturellement le pilier de l’équipe. À seulement 27 ans, il a déjà inscrit son nom parmi les légendes du sport. Son style de pilotage agressif mais précis, sa capacité à extraire le maximum de sa voiture et son instinct de course font de lui le pilote de référence actuel.
Pour la première fois depuis 2021, il ne sera pas accompagné par Sergio Perez. Le Mexicain, qui n’a pas su maintenir un niveau de performance suffisant malgré quelques coups d’éclat, a été remplacé après trois saisons de collaboration. Ses statistiques face à Verstappen illustrent le fossé qui s’était creusé entre les deux hommes : en qualifications, « Checo » n’a battu son coéquipier que 7 fois en 67 tentatives, soit à peine 10% du temps.
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Son remplaçant sera Liam Lawson, jeune talent montant qui aura la lourde tâche de s’adapter rapidement aux exigences d’une écurie championne du monde. Le pilote néo-zélandais, révélation de la fin de saison 2024 lorsqu’il a remplacé au pied levé Daniel Ricciardo chez Racing Bulls (ex-AlphaTauri), a impressionné les observateurs par sa maturité et sa rapidité d’adaptation.
« Je suis prêt à relever ce défi et à apprendre aux côtés du meilleur », a déclaré Lawson lors de la présentation. « Max est une référence absolue et je vais pouvoir mesurer directement mes performances face à lui. Mon objectif n’est pas de le battre immédiatement, mais de progresser constamment pour devenir un pilote plus complet ».
Cette promotion illustre la philosophie de Red Bull de faire confiance à sa filière de jeunes pilotes, après avoir formé des talents comme Vettel, Ricciardo, Sainz ou Verstappen lui-même. À 22 ans, Lawson représente l’avenir et pourrait s’inscrire dans cette lignée prestigieuse.
Des améliorations techniques significatives ciblant les faiblesses identifiées
Selon Pierre Wache, directeur technique de Red Bull Racing, la RB21 comporte de nombreuses modifications invisibles à l’œil nu par rapport à sa devancière. Ces changements visent principalement à corriger les problèmes d’équilibre qui sont apparus au milieu de la saison dernière et qui avaient permis à la concurrence, notamment McLaren et Ferrari, de se rapprocher dangereusement.
« Nous avons identifié les zones où notre voiture se montrait capricieuse dans certaines conditions, notamment sur les circuits très bosselés ou par températures élevées », explique Wache. « La RB21 intègre des solutions qui devraient nous permettre de maintenir des performances optimales dans une fenêtre d’utilisation plus large ».
Les nouvelles entrées d’air, le dessin revu des pontons et l’optimisation du plancher devraient permettre de générer un appui aérodynamique plus constant dans différentes conditions de pilotage. L’aérodynamique reste le nerf de la guerre en Formule 1, où quelques millimètres peuvent faire gagner plusieurs dixièmes de seconde au tour.
La suspension avant a également été repensée pour améliorer le comportement de la voiture dans les virages lents, un domaine où la McLaren s’était montrée supérieure en fin de saison dernière. Les ingénieurs ont travaillé sur la rigidité des éléments pour trouver le meilleur compromis entre tenue de route et absorption des aspérités.
Cette année encore, pour la dernière fois avant un changement réglementaire majeur, la propulsion sera assurée par un moteur hybride Honda. Le bloc japonais, qui développe environ 1000 chevaux, a démontré sa fiabilité exemplaire ces dernières saisons, contribuant grandement aux succès de l’écurie. Red Bull n’a connu que trois abandons liés à des problèmes mécaniques lors des deux dernières saisons, un record de fiabilité remarquable.
Les premiers tests imminents pour valider les concepts
Dans la journée, la RB21 effectuera ses premiers tours de roue dans le cadre d’une journée de tournage qui se déroulera sur le circuit de Bahreïn. Ces essais sont limités à 100 kilomètres et doivent être réalisés avec des pneus de démonstration fournis par Pirelli, conformément à la réglementation en vigueur.
Vous vous demandez peut-être pourquoi un si faible kilométrage ? Ces restrictions visent à empêcher les équipes de profiter de ces journées « médiatiques » pour accumuler des données techniques précieuses avant les essais officiels. Malgré ces contraintes, les ingénieurs pourront vérifier le bon fonctionnement des systèmes de base et détecter d’éventuels problèmes de jeunesse.
Lors de ces « filming days », l’accent est mis sur la captation d’images promotionnelles, mais l’équipe technique ne perd pas une miette des informations récoltées. La fiabilité des composants électroniques, le comportement des fluides (eau, huile) et les températures de fonctionnement sont scrutés avec attention. Une première alerte à ce stade pourrait compromettre le début de saison.
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L’unique session officielle d’essais hivernaux débutera demain, mercredi 26 février, également sur le circuit de Sakhir, et se poursuivra jusqu’au 28 du mois. Trois jours intenses pendant lesquels les équipes accumuleront un maximum de données pour finaliser leurs réglages avant le premier Grand Prix de la saison.
Ces tests représenteront un total de 24 heures de roulage, réparties sur six séances de quatre heures. Chaque équipe dispose d’une seule voiture, ce qui signifie que les pilotes doivent se partager le temps de piste. Une organisation millimétrée est nécessaire pour optimiser chaque minute disponible et couvrir l’ensemble du programme technique prévu.
Les enjeux de cette saison pour Red Bull face à une concurrence revigorée
Pour Red Bull Racing, les défis sont multiples cette saison. L’écurie doit non seulement défendre ses titres face à une concurrence revancharde, mais également préparer la transition vers la nouvelle réglementation qui entrera en vigueur en 2026.
La pression sera particulièrement forte sur l’équipe technique qui devra prouver qu’elle peut continuer à exceller sans son maître à penser historique. Les ingénieurs de Milton Keynes ont-ils suffisamment assimilé la méthodologie Newey pour maintenir leur avantage ? La réponse viendra progressivement au fil des courses.
Côté adversaires, McLaren semble la mieux placée pour défier la suprématie des « taureaux ». L’écurie de Woking, dirigée par Andrea Stella, a connu une progression fulgurante en 2024, remportant cinq Grands Prix avec Lando Norris et Oscar Piastri. Leur concept aérodynamique différent de celui de Red Bull s’est révélé particulièrement efficace sur certains types de circuits.
Ferrari, sous la houlette de Frédéric Vasseur, a également montré des signes encourageants en fin de saison dernière. La Scuderia a procédé à une restructuration en profondeur de son département technique et mise sur le duo Charles Leclerc-Lewis Hamilton pour retrouver les sommets.
Max Verstappen, de son côté, visera un cinquième titre mondial consécutif, ce qui le rapprocherait des records établis par les légendes Lewis Hamilton (sept titres) et Michael Schumacher (sept titres également). Le pilote néerlandais, qui n’a que 27 ans, pourrait ainsi continuer à écrire sa légende dans l’histoire de ce sport.
Avec 24 Grands Prix au programme (un record historique), dont le traditionnel Grand Prix de France au Circuit Paul Ricard qui fait son retour au calendrier après deux ans d’absence, la saison 2025 s’annonce aussi longue qu’intense pour toutes les écuries. Les fans français pourront d’ailleurs voir la RB21 en action sur le circuit du Castellet en juin prochain, pour un week-end qui s’annonce déjà comme l’un des temps forts de la saison sportive hexagonale.
Le défi logistique sera immense pour les équipes, avec trois séries de courses consécutives (triples headers) qui mettront à rude épreuve le personnel. Une rotation efficace des mécaniciens et ingénieurs sera nécessaire pour maintenir la fraîcheur mentale et physique tout au long de cette marathon de neuf mois.
À l’aube de cette saison 2025, une question demeure : assistera-t-on à la poursuite de l’hégémonie Red Bull ou au début d’une nouvelle ère plus équilibrée ? La RB21 nous apportera bientôt ses premiers éléments de réponse lors des essais de Bahreïn.
Ce que vous devez retenir
- La Red Bull Racing vient de dévoiler sa nouvelle arme, baptisée RB21, marquant un tournant historique pour l’écurie autrichienne qui présente sa première voiture en près de deux décennies sans l’empreinte du légendaire Adrian Newey.
- Cette voiture revêt une importance particulière dans l’histoire de l’équipe puisqu’il s’agit de la première monoplace depuis près de vingt ans qui ne porte pas la signature d’Adrian Newey.
- Son style de pilotage agressif mais précis, sa capacité à extraire le maximum de sa voiture et son instinct de course font de lui le pilote de référence actuel.