Le constructeur automobile électrique américain Faraday Future, après 11 années d’existence et seulement 16 véhicules vendus, surprend le marché en annonçant la création d’une nouvelle sous-marque nommée FX. Cette décision intervient malgré des difficultés financières chroniques qui menacent la survie même de la société.
Une histoire mouvementée marquée par les promesses non tenues
Fondée en 2014 aux États-Unis, Faraday Future se positionnait initialement comme un rival sérieux de Tesla sur le segment des véhicules électriques haut de gamme. La marque avait fait sensation en 2017 avec la présentation de son SUV-MPV électrique futuriste, le FF91. Ce modèle ambitieux promettait des performances exceptionnelles avec une puissance dépassant les 1000 chevaux, une autonomie de plus de 600 kilomètres et un prix avoisinant les 180 000 euros.
La réalité s’est avérée bien différente des aspirations initiales. Malgré les annonces fracassantes et les prototypes impressionnants, la production du FF91 n’a véritablement démarré qu’en 2023, soit six ans après sa présentation officielle. Cette longue attente a grandement entamé la crédibilité de la marque auprès des investisseurs et du public. Le bilan commercial est sans appel : à peine 16 exemplaires vendus en plus d’une décennie d’existence, un chiffre qui illustre l’ampleur des difficultés rencontrées par le constructeur californien.
Un entrepreneur chinois controversé aux commandes
Derrière Faraday Future se trouve l’homme d’affaires chinois Jia Yueting, une figure controversée dans le monde des affaires. Propriétaire également de LeEco, une entreprise technologique basée en Chine, l’entrepreneur traîne une réputation sulfureuse. Ses difficultés financières ont attiré l’attention des autorités chinoises qui lui ont demandé de rentrer au pays pour répondre de ses dettes. Face à cette injonction, l’homme d’affaires a préféré rester aux États-Unis, envoyant sa femme comme représentante en Chine.
Le modèle économique de l’entreprise a toujours suscité des interrogations. Disposant d’installations de production tant aux États-Unis qu’en Chine, la marque n’a jamais réussi à établir une stratégie industrielle cohérente et pérenne. Les analystes du secteur automobile électrique pointent régulièrement les difficultés structurelles de l’entreprise, dont la capitalisation boursière a fondu comme neige au soleil depuis son introduction en bourse via un SPAC en 2021. La valeur de l’action est passée sous la barre symbolique d’un dollar, plaçant la société sous la menace d’un retrait de la cote du Nasdaq.
Une nouvelle sous-marque comme bouée de sauvetage
Contre toute attente, Faraday Future vient d’annoncer la création d’une sous-marque baptisée FX, destinée à commercialiser des véhicules électriques plus accessibles. Cette stratégie rappelle celle adoptée par plusieurs constructeurs chinois qui ont développé des gammes distinctes pour cibler différents segments du marché. La nouvelle entité prévoit de lancer trois nouveaux modèles, dont les caractéristiques techniques et les prix n’ont pas encore été dévoilés.
Cette décision suscite l’étonnement dans l’industrie automobile, tant la situation financière de la maison-mère paraît précaire. Des rumeurs persistantes évoquent la possibilité que ces futurs modèles soient en réalité des adaptations de véhicules électriques chinois existants, que FX pourrait commercialiser à prix compétitifs sur le marché américain. Cette stratégie d’électromobilité accessible marquerait un changement radical par rapport au positionnement ultra-premium initial de Faraday Future, dont le FF91 se voulait plus luxueux qu’une Tesla Model X. Les spécialistes du marché automobile électrique s’interrogent sur la viabilité d’une telle approche dans un contexte où les droits de douane sur les véhicules chinois importés aux États-Unis se sont considérablement durcis.
Un avenir incertain dans un marché électrique en pleine consolidation
La multiplication des start-ups automobiles inspirées par le succès de Tesla a créé une bulle qui commence à se dégonfler. Après l’enthousiasme initial des investisseurs pour ces nouveaux constructeurs électriques, l’heure est désormais à la rationalisation du marché. Des entreprises comme Lordstown Motors ou Canoo ont déjà fait faillite ou frôlé la banqueroute, tandis que d’autres comme Lucid ou Rivian peinent à atteindre leurs objectifs de production malgré des financements conséquents.
Dans ce paysage mouvant, la survie de Faraday Future semble tenir du miracle. L’entreprise cumule les handicaps : une réputation entachée par des années de promesses non tenues, une situation financière catastrophique avec une dette estimée à plusieurs centaines de millions d’euros, et un produit principal – le FF91 – dont le prix et le positionnement semblent déconnectés des réalités du marché actuel. La création de la sous-marque FX représente peut-être la dernière carte à jouer pour un constructeur qui, malgré ses déboires, refuse obstinément de mettre la clé sous la porte. Les prochains mois seront déterminants pour cette marque emblématique des excès de la ruée vers l’or électrique, alors que le marché entre dans une phase de maturité où seuls les acteurs les plus solides et les plus crédibles pourront survivre face aux constructeurs traditionnels désormais pleinement engagés dans la transition électrique.