Les batteries lithium-ion des véhicules électriques font l’objet d’une attention grandissante, notamment après un second incident majeur dans une usine de recyclage écossaise. Un an jour pour jour après un premier sinistre, une nouvelle explosion a ravagé les installations de Fenix Battery Recycling, soulevant des questions sur la sécurité des processus de recyclage dans la filière.
Les batteries au lithium : puissance et risques
Les batteries sont l’élément central de tout véhicule électrique. Elles stockent l’énergie qui alimente les moteurs et permettent au véhicule de se déplacer. Pour fonctionner, ces dispositifs utilisent des composés chimiques qui nécessitent une stabilité constante. Sans cela, le risque d’emballement thermique peut conduire à des explosions et des incendies difficiles à maîtriser.
Quand une batterie de voiture électrique s’enflamme, la situation devient vite complexe. Ces feux présentent plusieurs caractéristiques problématiques :
- Ils sont extrêmement difficiles à éteindre
- Leur comportement reste imprévisible
- Ils peuvent se rallumer spontanément, même après 24 heures
Ces facteurs font des batteries au lithium des éléments potentiellement dangereux, même lorsqu’elles ne sont plus installées dans un véhicule. (Et c’est justement là que le processus de recyclage entre en jeu, avec ses propres défis.)
Chronologie d’une explosion dévastatrice
Le 9 avril dernier, vers 12h40, une violente explosion a secoué l’usine de recyclage de batteries Fenix Battery Recycling située à Kilwinning, dans le North Ayrshire en Écosse. L’incident a semé la panique parmi les habitants des zones résidentielles voisines.
Les autorités ont rapidement procédé à l’évacuation des habitations proches par mesure de précaution. Heureusement, aucune victime n’a été signalée, comme l’a rapporté la BBC.
Pour maîtriser l’incendie, pas moins de 10 camions de pompiers ont été déployés sur place. Les équipes d’intervention sont restées mobilisées toute la nuit pour combattre les flammes. Le lendemain, bien que l’incendie principal ait été éteint, une équipe est restée sur place pour surveiller les « points chauds » et continuer à arroser la zone sinistrée.
La police a maintenu un périmètre de sécurité et les routes environnantes sont restées fermées afin de garantir la sécurité des riverains. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes exactes de cette explosion.
Un inquiétant cas de récidive
Ce qui rend cet incident vraiment préoccupant, c’est qu’il s’agit du deuxième événement de ce type en exactement un an dans cette même installation. En avril 2023, un incendie similaire avait déjà ravagé l’usine écossaise.
Lors du premier incident, l’intervention avait nécessité la mobilisation de 40 pompiers au plus fort de l’incendie. Les services d’urgence étaient restés sur place pendant 48 heures pour venir à bout des flammes.
Dans les deux cas, les autorités ont demandé aux habitants évacués de garder portes et fenêtres fermées après leur retour à domicile. Ils ont aussi reçu pour consigne de ne pas ramasser d’éventuels débris de batteries calcinées, pour des raisons évidentes de sécurité.
Des manquements réglementaires mis en lumière
L’agence écossaise de protection de l’environnement avait déjà pris des mesures contre l’entreprise Fenix Battery Recycling. En septembre 2023, l’autorisation de gestion des déchets de l’installation avait été révoquée dans le cadre d’un « programme renforcé de mesures de mise en conformité ».
Cette décision contraignait l’entreprise à transférer vers d’autres sites tous les déchets non conformes à leur permis. Un calendrier strict avait été établi, obligeant Fenix Battery Recycling à se mettre en règle avant juin 2024.
Parmi les exigences figuraient :
- L’élimination des débris résultant de l’incendie d’avril 2023
- La réparation des infrastructures endommagées
- La mise en place d’un plan de prévention et d’atténuation des incendies
La survenue d’un second incident majeur avant même la fin de cette période de mise en conformité soulève de sérieuses questions sur les pratiques de l’entreprise et l’efficacité des mesures correctives imposées.
Un risque pour les riverains et l’environnement
La proximité de cette usine avec une zone résidentielle constitue un facteur aggravant. Deux explosions majeures en un an représentent une menace réelle pour les habitants du quartier. Sans parler de l’impact environnemental considérable généré par un incendie de cette ampleur.
Les batteries lithium-ion en combustion libèrent des substances toxiques dans l’air et peuvent contaminer les sols et les eaux environnantes. La répétition de tels événements dans un même lieu multiplie les risques sanitaires pour toute la région.
Au-delà de l’incident : le défi du recyclage des batteries
Si les incidents impliquant des batteries de véhicules électriques restent relativement rares, leur médiatisation est souvent importante. Chaque explosion ou incendie alimente les discussions sur la fiabilité de la mobilité électrique et ses infrastructures associées.
Le recyclage des batteries de voitures électriques en fin de vie représente un véritable défi technique et sécuritaire. Cette filière doit faire face à plusieurs obstacles majeurs :
- La complexité des procédés de recyclage
- La gestion de composants hautement polluants
- Les risques inhérents de réactions chimiques incontrôlées
Des incidents comme celui de Kilwinning mettent en lumière la nécessité d’établir des protocoles rigoureux pour le traitement des batteries en fin de vie. (Et c’est un enjeu qui deviendra encore plus crucial avec l’augmentation du parc automobile électrique dans les années à venir.)
Alors que l’Europe s’engage résolument vers la mobilité électrique, avec l’objectif de mettre fin aux ventes de véhicules thermiques neufs d’ici 2035, la question du cycle de vie complet des batteries devient incontournable. La sécurisation de chaque étape, de la production au recyclage, constitue un impératif tant écologique qu’humain.
