Ce que vous devez retenir
- Au total, ces batteries atteignent plus de 1 000 Wh/l (wattheure par litre), quand une batterie LFP classique plafonne autour de 384 Wh/l et une batterie NMC à environ 500 Wh/l.
- Cette technologie permet une recharge de 0 à 80% en seulement 15 minutes et promet une autonomie de 1 000 km pour les berlines dotées d’un empattement de 3 mètres.
- La version premium, où les deux batteries sont de type NMC avec anode auto-formante, offre une capacité dépassant 180 kWh et franchit la barre symbolique des 1 500 km d’autonomie pour les berlines à empattement de 3 mètres.
Le leader mondial chinois des batteries pour véhicules électriques, CATL, vient de dévoiler une innovation majeure qui pourrait transformer radicalement notre vision de la mobilité électrique. Sa nouvelle technologie Freevoy Dual-Power combine deux chimies différentes au sein d’un même pack, permettant d’atteindre une autonomie record de 1 500 km tout en réduisant les temps de charge.
Une architecture révolutionnaire qui associe deux chimies complémentaires
Les nouvelles batteries Freevoy Dual-Power reposent sur un concept aussi simple qu’ingénieux : intégrer deux zones d’énergie distinctes dans un même pack. La première, appelée « zone principale », utilise une chimie adaptée aux habitudes quotidiennes de conduite. La seconde, basée sur la technologie LFP (lithium, fer, phosphate), joue le rôle d’un prolongateur d’autonomie pour les longs trajets.
La vraie prouesse technique réside dans l’utilisation d’une anode auto-formante pour l’accumulateur secondaire. Cette innovation propre à CATL booste la densité énergétique de manière spectaculaire : +50% en masse et +60% en volume. Au total, ces batteries atteignent plus de 1 000 Wh/l (wattheure par litre), quand une batterie LFP classique plafonne autour de 384 Wh/l et une batterie NMC à environ 500 Wh/l. (Vous imaginez? C’est comme passer d’une petite valise à une malle de voyage sans changer de dimensions!)
Des fonctionnalités doublées pour une fiabilité maximale
Cette architecture à double alimentation ne se contente pas d’augmenter l’autonomie. Elle dédouble aussi plusieurs fonctions critiques : haute et basse tension, structure physique, gestion thermique et protection contre l’emballement thermique. Résultat? Une alimentation électrique plus stable et fiable, même dans des conditions extrêmes.
Cette caractéristique s’avère idéale pour les futurs véhicules à conduite autonome de niveaux L3 et L4, dont les nombreux capteurs et calculateurs nécessitent une source d’énergie parfaitement stable. La moindre coupure ou variation pourrait en effet compromettre la sécurité des passagers.
Trois combinaisons pour répondre à tous les besoins
Le fabricant a d’ores et déjà développé trois variantes de sa technologie à double chimie, chacune conçue pour un usage spécifique :
1. L’association sodium-ion/LFP : cette configuration marie une batterie principale Naxtra (sodium-ion) avec un accumulateur LFP équipé d’une anode auto-formante. Son point fort? Des performances exceptionnelles par temps froid, la batterie sodium-ion conservant 90% de sa capacité même à -40°C. Elle affiche aussi une durée de vie impressionnante de 10 000 cycles, soit plus du double des batteries lithium-ion actuelles (4 000 cycles en moyenne).
2. La combinaison LFP/LFP : ici, la batterie secondaire LFP à anode auto-formante travaille en tandem avec un accumulateur principal Shanxing à charge ultra-rapide. Cette technologie permet une recharge de 0 à 80% en seulement 15 minutes et promet une autonomie de 1 000 km pour les berlines dotées d’un empattement de 3 mètres.
3. Le duo NMC/LFP ou NMC/NMC : dans sa version standard, cette configuration associe une batterie principale NMC (nickel, manganèse, cobalt) avec une pile LFP équipée d’une anode auto-formante. L’ensemble peut fournir plus d’1 MW de puissance, et maintient encore 600 kW même lorsque la charge tombe à 20%. La version premium, où les deux batteries sont de type NMC avec anode auto-formante, offre une capacité dépassant 180 kWh et franchit la barre symbolique des 1 500 km d’autonomie pour les berlines à empattement de 3 mètres.
Une réalité commerciale d’ici 2027-2028
Si cette technologie semble presque trop belle pour être vraie, elle n’est pas pour autant une simple vue de l’esprit. CATL prévoit déjà son intégration dans des modèles de série d’ici 2027-2028. Et les ambitions du géant chinois ne s’arrêtent pas à l’automobile : ces batteries pourraient équiper demain des bus électriques, poids lourds, navires et même des avions.
Pour financer ces développements, l’entreprise procède à une introduction à la Bourse de Hong Kong visant à lever 4,9 milliards d’euros. Une somme qui illustre l’ampleur des ambitions du leader mondial des batteries. (À ce niveau, on ne parle plus d’investissement mais presque de plan Marshall pour l’électrification!)
Vers une personnalisation des performances selon les usages
L’atout majeur de la Freevoy Dual-Power réside dans sa flexibilité. En combinant différentes chimies, elle permet d’adapter précisément les performances aux besoins spécifiques de chaque segment de véhicule, de la citadine économique à la berline premium.
Cette approche modulaire pourrait aussi rendre les voitures électriques plus accessibles. Les constructeurs pourraient proposer différentes configurations de batteries selon les budgets et les usages, tout en garantissant une expérience optimale à chaque client.
La révolution des batteries à double chimie ne fait que commencer, mais elle pourrait bien marquer un tournant décisif dans l’histoire de la mobilité électrique. Avec une autonomie multipliée par trois ou quatre par rapport aux standards actuels, l’angoisse de la panne d’énergie – cette fameuse « anxiété d’autonomie » qui freine encore de nombreux acheteurs – pourrait bientôt n’être plus qu’un lointain souvenir.
Reste à voir si les constructeurs automobiles européens et américains sauront répondre à ce défi technologique venu d’Asie, ou s’ils devront se résoudre à intégrer ces batteries made in China dans leurs futures modèles. Une question stratégique qui dépasse largement le cadre technique pour toucher aux enjeux d’indépendance industrielle.