Ce que vous devez retenir
- Ces véhicules offriront à la marque la souplesse nécessaire pour s’adapter aux évolutions de la demande (et on sait comme celle-ci peut être imprévisible dans l’automobile aujourd’hui).
- Pour renforcer sa présence électrique, Audi prépare un modèle d’entrée de gamme dans le segment du A3, plus accessible que l’actuel Q4 E-Tron.
- Seule BMW maintient sa position de neutralité énergétique, refusant de fixer une date limite pour ses moteurs à combustion et insistant sur les lacunes persistantes des infrastructures de recharge.
La marque aux quatre anneaux vient de créer la surprise dans l’écosystème automobile européen. Audi annonce officiellement le report de sa stratégie d’électrification totale, maintenant ses moteurs essence en production jusqu’en 2035, voire au-delà. Un revirement qui interpelle quand on sait que la constructrice d’Ingolstadt avait promis un avenir 100% électrique dès 2033.
Un changement de cap radical face aux réalités du marché
Il y a exactement trois ans, Audi affichait une ambition claire : présenter son dernier modèle à propulsion conventionnelle en 2025. La feuille de route semblait tracée, avec une gamme intégralement électrifiée programmée pour 2033 sur les marchés européens. Seule la Chine bénéficiait d’une dérogation pour la vente prolongée de motorisations thermiques.
Mais voilà que Gernot Dollner, le directeur général, redéfinit complètement cette trajectoire. Dans ses déclarations récentes, il confirme que les moteurs à combustion interne resteront au catalogue pendant « sept, huit, peut-être même dix années supplémentaires ». Cette flexibilité nouvelle traduit une approche plus pragmatique des enjeux de transition énergétique.
La nouvelle stratégie s’appuie sur une gamme renouvelée de modèles qui seront dévoilés d’ici 2026. Ces véhicules offriront à la marque la souplesse nécessaire pour s’adapter aux évolutions de la demande (et on sait comme celle-ci peut être imprévisible dans l’automobile aujourd’hui).
Des performances électriques encourageantes mais insuffisantes
Paradoxalement, les véhicules électriques Audi affichent des résultats en hausse. Au premier trimestre 2025, les livraisons de voitures 100% électriques ont progressé de 30,1% par rapport à l’année précédente, atteignant 46 371 unités. Un chiffre qui pourrait sembler prometteur.
Pourtant, la concurrence allemande fait mieux. BMW a pratiquement doublé ses ventes électriques sur la même période, tandis que Mercedes-Benz talonne de près les performances d’Audi. Cette bataille des chiffres révèle l’intensité de la compétition sur le segment électrique premium.
L’arrêt de production du Q8 E-Tron suite à des ventes décevantes illustre parfaitement les défis rencontrés. Même une marque prestigieuse comme Audi n’est pas à l’abri d’un échec commercial sur l’électrique, ce qui explique peut-être cette prudence retrouvée.
La stratégie bi-énergétique comme réponse adaptative
Pour renforcer sa présence électrique, Audi prépare un modèle d’entrée de gamme dans le segment du A3, plus accessible que l’actuel Q4 E-Tron. Cette approche vise à démocratiser l’accès aux technologies électrifiées de la marque.
Parallèlement, les nouvelles générations des A5, A6 et Q3 récemment présentées confirment l’engagement durable envers les motorisations traditionnelles. Plus révélateur encore : les versions sportives S et RS, véritables vitrines technologiques de la marque, conserveront leurs moteurs haute performance essence pendant de nombreuses années.
Cette dualité énergétique reflète une réalité industrielle complexe. Les constructeurs doivent jongler entre innovation technologique, contraintes réglementaires et attentes des automobilistes (qui ne sont pas toujours alignées avec les objectifs environnementaux).
L’incertitude réglementaire européenne pèse sur les décisions
La position d’Audi s’explique également par les incertitudes persistantes autour de la réglementation européenne. L’interdiction de vente des véhicules thermiques neufs prévue pour 2035 dans l’Union européenne pourrait connaître des assouplissements.
Si cette échéance se confirme, Audi pourrait adapter sa stratégie géographiquement : arrêter la production thermique pour l’Europe tout en maintenant ces motorisations conventionnelles pour d’autres marchés aux réglementations plus souples. Une approche modulaire qui maximiserait les opportunités commerciales globales.
Cette stratégie d’adaptation géographique n’est d’ailleurs pas isolée. Mercedes-Benz, qui avait initialement annoncé son passage au tout-électrique sur certains marchés dès 2030, révise également ses ambitions à la baisse. Seule BMW maintient sa position de neutralité énergétique, refusant de fixer une date limite pour ses moteurs à combustion et insistant sur les lacunes persistantes des infrastructures de recharge.
Cette évolution stratégique d’Audi témoigne finalement d’une maturité industrielle face aux défis de la transition énergétique automobile. Entre idéal environnemental et pragmatisme commercial, les constructeurs premium allemands semblent privilégier une approche progressive plutôt qu’une rupture brutale avec l’héritage thermique.