Une étude du Center for Automotive Research (CAR) basé à Ann Arbor, dans le Michigan, vient de révéler l’ampleur de l’impact économique des nouveaux droits de douane de 25% sur l’industrie automobile. Le verdict est sans appel : d’ici fin 2025, le coût total pour les constructeurs automobiles atteindra la somme astronomique de 108 milliards d’euros.
Les constructeurs de Detroit face à la tempête douanière
Entrée en vigueur le 3 avril dernier, cette mesure provoque déjà des ondes de choc majeures dans tout le secteur. Les trois grands constructeurs de Detroit – Ford, General Motors (GM) et Stellantis (qui fabrique Jeep et Ram) – seront les plus durement touchés avec un surcoût combiné de 36,9 milliards d’euros.
L’étude met en lumière un fait marquant : ces géants de l’automobile américaine subiront un impact tarifaire considérable tant sur les véhicules produits localement que sur ceux importés. Pour chaque véhicule fabriqué aux États-Unis, les droits appliqués aux pièces importées représenteront un coût moyen de 4 322 euros pour les constructeurs de Detroit – un chiffre bien supérieur à la moyenne du secteur qui s’établit à 3 731 euros par unité.
La facture grimpe encore davantage pour les véhicules entièrement importés : 7 614 euros par voiture pour Ford, GM et Stellantis, contre 7 676 euros en moyenne pour le reste de l’industrie. (Et dire qu’il s’agit juste de frais supplémentaires, pas du coût total du véhicule !)
Un impact sans frontières
Un aspect clé souligné par le rapport : ces droits de douane ne font pas de distinction quant à l’origine des véhicules. Les voitures venant du Mexique et du Canada sont tout aussi affectées que celles provenant d’autres régions du monde.
Les constructeurs qui respectent les exigences de l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) pourront néanmoins déduire la valeur du contenu américain, ce qui représente une voie partielle pour réduire l’impact. Mais cette solution reste limitée face à l’ampleur du choc économique.
Les stratégies de production en pleine mutation
Face à cette nouvelle donne économique, les constructeurs ont déjà commencé à adapter leurs stratégies. General Motors a augmenté sa production de camions dans une usine de l’Indiana, tandis que Stellantis a temporairement suspendu les activités d’une usine au Mexique et d’une autre au Canada.
Ces décisions ont eu des répercussions directes sur cinq installations aux États-Unis, révélant ainsi les effets en cascade que ces droits de douane engendrent sur toute la chaîne de valeur automobile. Avez-vous déjà réfléchi à la complexité logistique que représente le déplacement d’une ligne de production d’un pays à un autre?
Le président du Conseil américain de politique automobile, Matt Blunt, qui représente les trois constructeurs de Detroit, a réagi sans tarder. Dans des déclarations citées dans le rapport, il affirme que l’étude « démontre le coût significatif qu’un droit de douane de 25% aura sur l’industrie automobile ».
« Les constructeurs américains Ford, GM et Stellantis ont l’intention de maintenir un dialogue continu avec l’administration pour atteindre notre objectif commun d’augmenter la production automobile aux États-Unis », a-t-il ajouté.
Entre protection nationale et compétitivité : un équilibre fragile
Au-delà des chiffres, le rapport du CAR met en évidence un dilemme structurel auquel fait face l’industrie automobile américaine. D’un côté, ces droits de douane visent à stimuler la production nationale et à réduire la dépendance aux composants étrangers. De l’autre, ils génèrent une hausse notable des coûts pour les entreprises.
Cette hausse pourrait se répercuter sur les prix des véhicules, la planification des investissements et la compétitivité du secteur face aux autres marchés mondiaux. La question se pose : ces mesures protectionnistes sauveront-elles l’emploi américain ou l’affaibliront-elles à long terme?
L’industrie automobile fonctionne avec des chaînes d’approvisionnement interconnectées qui traversent de multiples frontières. Des composants électroniques provenant d’Asie aux assemblages finaux dans les usines nord-américaines, toute barrière commerciale peut perturber l’équilibre financier des constructeurs.
Dans ce contexte, un droit de douane de 25% représente non seulement un défi économique, mais aussi une incitation à reconfigurer les structures logistiques et productives à moyen terme.
Un avenir incertain pour le secteur
Reste à voir si l’administration américaine maintiendra fermement sa politique douanière ou si des ajustements seront apportés suite au dialogue avec les principaux acteurs du secteur.
En tout état de cause, la facture est déjà établie : 108 milliards d’euros que les constructeurs automobiles devront absorber d’ici 2025 en conséquence directe des mesures imposées par la Maison Blanche.
Pendant ce temps, les entreprises sont contraintes d’adapter leurs stratégies pour amortir l’impact d’une mesure qui pourrait redéfinir l’avenir du secteur automobile américain – pour le meilleur ou pour le pire.